La revue en ligne Sociopoétiques a un double objectif. Elle entend d’abord cerner au plus près un concept critique qui, s’il se fonde sur les liens entre matière sociale et littérature dans une démarche qui croise les disciplines, se distingue d’approches frontalières par sa dimension de poétique textuelle et par l’intérêt qu’il accorde aux micro-lectures et au tissu verbal. Le terme est parlant : il ne s’agit pas plus de sociocritique que de sociologie de la littérature, car le domaine des interactions sociales et de leurs représentations est ici envisagé comme un réservoir d’éléments dynamiques de la création littéraire. Il s’agit d’analyser la manière dont les représentations et l’imaginaire social informent le texte dans son écriture même.
Le terme de « Sociopoétique » existe, à tel point qu’il donne lieu à des emplois incertains et s’ouvre à une polysémie dangereuse. C’est pour cette raison que la présente revue s’ouvrira à des méthodes critiques voisines, avec lesquelles elle entend dialoguer pour enrichir les perspectives du lecteur et pour permettre de mieux cerner les contours qui lui sont propres.
Le second objectif de la revue Sociopoétiques est plus démonstratif. Dans le sillage des travaux d’Alain Montandon, fondateur du concept et Président d’honneur de la revue, des analyses variées et concrètes nourriront chacun des numéros à venir. Les publications existant sur le sujet sont déjà nombreuses : sur les traités de savoir-vivre, les pratiques de l’hospitalité, ou sur diverses pratiques sociales comme la promenade, la danse, la mode, la conversation... Elles montrent que l’analyse des représentations sociales implique également un travail sur l’imaginaire social, ayant pour objectif le contenu explicite et implicite des textes, qui correspondent, d’une part, à la construction et à la systématisation des pratiques sociales existantes mais aussi, d’autre part, à leur idéalisation. Dès lors, trois champs d’étude majeurs s’imposent : celui des interactions socio-culturelles, celui des contes et des mythes, celui des genres littéraires envisagés dans leur mouvance (porosité, usure, résurgence). C’est de la sorte une renégociation du littéraire au fil des évolutions sociétales (chronologiques et par champ culturel) que l’on entend mesurer et analyser.
La revue Sociopoétiques présente classiquement dossier thématique, varia et recensions, mais s’enrichit en outre de deux dialogues : avec les spécialistes de concepts “mitoyens” dans la rubrique « Sociopoétique ? » (à l’exception du premier numéro, qui dessine les contours de cette riche notion et donne voix à son fondateur) ; avec des écrivains contemporains confrontés à leur pratique d’écriture, dans la rubrique « Voix contemporaines ».