Introduction : la naissance d’un mot, d’une pensée puis d’un mouvement
La décroissance1, en tant que mouvement de pensée mais aussi politique, émerge en 2002 avec la publication d’un hors-série dans la revue S!lence. Elle est le fruit de la rencontre de deux groupes de personnes.
D’un côté, les casseurs de pub, à Lyon, autour de Vincent Cheynet et Bruno Clémentin. Ils dénoncent le rôle central et toxique joué par la publicité, pierre angulaire de l’imaginaire consumériste et croissanciste. Lecteurs de Nicholas Georgescu-Roegen, ils soulignent l’impossibilité physique d’une croissance infinie dans un monde fini. C’est eux qui sont à l’origine de cette intuition géniale de relancer le mot décroissance, comme outil sémantique de débat. Le terme a d’abord été utilisé dans le titre d’un livre recueil de textes de Georgescu-Rogen par Jacques Grinevald et Ivo Rens en 1979. Ainsi, ce slogan provocateur a plusieurs vertus. D’abord, il s’attaque au cœur du système, à l’imaginaire dominant tant la religion de la croissance est ancrée. Ensuite, il anticipe le greenwashing et est non récupérable par le système, la publicité ou le marketing. En effet, contrairement à tous les autres slogans, le dernier en date étant la sobriété, la décroissance est restée, jusqu’à aujourd’hui, protégée d’une tentative de récupération. Enfin, ce terme est juste, pour les plus riches, les sociétés développées, car l’enjeu est bel et bien de redescendre en deçà des seuils de soutenabilité écologique, énergétique et de ressource.
De l’autre, un groupe d’universitaires, intellectuels, penseurs qui critiquent l’impérialisme culturel que représente le concept de développement. Ils se rencontrent à l’UNESCO fin février, début mars 2002 autour d’un colloque nommé : Défaire le développement, refaire le monde. Plusieurs précurseuses, précurseurs de la décroissance sont là, comme beaucoup de nos amis des pays du Sud, qui rejettent le développement, donc le modèle de société occidentale basée sur l’économicisme, la croissance, le productivisme et le consumérisme, l’extractivisme et le capitalisme ou encore le technoscientisme pour des raisons anthropologique, culturelle, philosophique, donc de joie de vivre. Une croissance infinie dans un monde fini n’est pas plus souhaitable que soutenable. Ainsi, cette articulation autour d’une décroissance soutenable et conviviale que l’on retrouve dès le hors-série de la revue S!lence qui, à travers un succès certain, lance un mouvement.
Très vite se pose la question : de quel projet de décroissance parle-t-on ?
Ce texte propose une revue non exhaustive et synthétique de ces idées, qui, depuis une vingtaine d’années de débats et controverses et une internationalisation, semblent converger et s’articuler autour de ce que l’on pourrait appeler un projet de décroissance.
Plusieurs niveaux d’actions pour concrétiser la décroissance
Alors que des dynamiques collectives et décroissantes s’organisent, en particulier à la fin des années 2000, émerge une réflexion autour des différents niveaux d’action de la décroissance. Par exemple, dans les livres de Paul Ariès ou les publications des collectifs décroissants. Exploring Degrowth : A Critical Guide (Liegey, Nelson, 2020), publié en 2020, analyse le fonctionnement des réseaux de la décroissance. Il y est proposé de les articuler autour de quatre leviers qui se complémentent et se nourrissent :
- Individuel : simplicité volontaire ou plutôt abondance frugale couplée à une décolonisation de l’imaginaire croissanciste. Comment, à son échelle, se libérer du « toujours plus » ? Quand cela est possible : travailler pour vivre mieux ; se libérer de la voiture pour aller vers moins de transport et des transports doux et actifs (marche, vélo) ; voyager moins souvent, moins vite, en train, en prenant le temps de se rencontrer ; manger moins carné mais plus local et de saison ; se libérer des gadgets et du jetable ; réutiliser, réparer et partager, se libérer de la société des écrans… Il ne s’agit pas d’une posture morale, mais belle et bien émancipatrice. Non suffisante, tant nous sommes inégaux en termes de capacité, capabilité à se réapproprier ses choix de vie. Ce levier individuel s’articule avec les trois autres.
- Collectif : ce sont toutes ces initiatives citoyennes dans les territoires qui se réapproprient d’autres manières de produire plus locale, de saison, durable et appropriable, d’échanger de manière non commerciale et plus juste et de décider ensemble. Jardin partagé ou AMAP, repair café ou ressourcerie, monnaie locale ou Système d’échange local pour ne citer que quelques exemples. Ces initiatives s’appuient sur les concepts de low-tech, communs, réciprocité, solidarité ou encore de la permaculture. Ils sont autant des échappatoires fragiles à la société marchandisée dans laquelle nous vivons, que des laboratoires d’expérimentations de ce que pourraient être des sociétés de décroissance. Mais comme le levier individuel, ces initiatives ne suffisent pas à elles seules à sortir de la société de croissance et ses maux, tant leur existence est précaire et la tentation de récupération forte et efficace.
- Résistance : d’où la nécessité de s’opposer frontalement à la fuite en avant mortifère de la société de croissance. Désobéissance civile non violente, participation à des élections afin de faire vivre le débat d’idées, organisation de rencontres et débats publics, publications de livres, textes, participation au jeu médiatique… Autant d’outils d’influence culturelle et politique, afin de créer du rapport de force face à une minorité oligarchique, qui impose son modèle sociétal à une majorité toujours plus grande, qui aspire à rompre avec le système dominant.
- Le Projet : sur quels piliers économiques, sociaux, mais aussi culturels, politiques, stratégiques ou tactiques, la décroissance peut-elle s’appuyer afin de réussir une sortie démocratique et sereine de l’impasse dans laquelle nous sommes ? C’est le cœur de la suite de ce texte.
Piliers et outils d’un projet de décroissance
Pour caractériser ce que serait un projet de décroissance, Serge Latouche développe l’idée des 8R : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, redistribuer, réduire, réutiliser, recycler. Des débats émergent sur la décroissance des inégalités, une démocratie plus directe, la relocalisation ouverte et solidaire, comment réencastrer l’économie ? Quel rapport au pouvoir ? Ces débats sont riches et intenses, autour de blogs, livres, forums et aussi rencontres régulières. Sont repris ci-dessous les différents piliers sur lesquels s’appuient la décroissance et les propositions d’outils qui en découlent.
Des outils économiques au service d’un premier pilier : la démocratie
Dès ses débuts, l’un des piliers majeurs de la décroissance est la démocratie. C’est d’ailleurs toute la distinction qui est faite entre une décroissance choisie, planifiée, démocratiquement décidée et organisée et la récession subie, conséquence d’une société de croissance sans croissance. Autour de notions comme l’autonomie et la démocratie directe, la décroissance prône et fait le pari que plus de démocratie – à travers des délibérations citoyennes – déboucherait sur le retour au bon sens et l’auto-institution de limites. L’expérience de la convention citoyenne pour le climat, avec le tirage au sort de 150 citoyennes et citoyens a démontré la justesse de cette intuition première. En effet, les propositions qui en émergent rejoignent tout à fait ce que l’on retrouve dans la littérature décroissante, ainsi que dans des mouvements comme le municipalisme, qui permet de recréer du commun et plus de démocratie directe dans les territoires.
Tendre vers cette démocratie directe implique de recréer de l’autodétermination, de se réapproprier son temps, ses outils et savoir-faire, non pour des emplois dénués de sens ou toxiques au service de la pompe à la croissance mais bel et bien au service d’activités émancipatrices et répondant aux besoins fondamentaux. Ainsi, la réduction et le partage du travail (travailler moins pour travailler toutes et tous) et le revenu inconditionnel d’existence ont été très tôt au cœur des débats. Ils se sont enrichis de réflexions et d’expérimentations autour des gratuités et des monnaies locales ou complémentaires. Gratuité du bon usage et renchérissement du mésusage est un principe qui permet à la fois de générer des délibérations citoyennes sur ce que sont nos besoins fondamentaux et la manière dont on y répond. Quelle quantité d’eau pour se laver, boire, faire la cuisine ? Une réponse aux besoins essentiels à organiser de manière gratuite, puis au-delà, un renchérissement du prix pour du mésusage comme arroser un golf, produire des puces électroniques, laver sa voiture ou remplir sa piscine individuelle. Au-delà d’un certain nombre de ressources essentielles (énergie, nourriture, m² pour vivre décemment), cette notion de gratuité s’applique aussi aux services publics que l’on nomme en anglais : Universal Basic Services (les services publics de base), comme la santé, l’école, les services funéraires, l’information ou les transports. Cette gratuité doit se construire politiquement afin de repenser en profondeur ces services loin des logiques marchandes.
Enfin monnaies locales et Systèmes d’échanges locaux (SEL), permettent de recréer des solidarités, du lien dans les territoires tout en faisant revivre une démocratie plus autonome, plus locale et directe, en se réappropriant des outils et des savoir-faire autour de ce qu’on produit, comment et pour quel usage.
Deuxième pilier : le partage ou comment faire décroître les inégalités
Le second grand pilier de la décroissance est celui du partage. En effet la croissance a permis de repousser à toujours plus tard la question des inégalités, acceptées du fait de la promesse qu’il y aurait toujours plus de surplus demain. Avec la fin de la croissance, il est crucial de mieux partager. D’une part, le mode de vie des plus riches n’est ni soutenable ni partageable pour toutes et tous. D’autre part, il contribue, encore plus avec les médias dominants, à imposer un standard de bonheur qui serait basé sur toujours plus de consommations matérielles, ce que Thorsten Veblen appelait « la rivalité ostentatoire ». Donc, pour des raisons culturelles, il y a urgence à rompre avec des inégalités qui explosent de manière exponentielle afin de retrouver des équilibres démocratiques et de solidarité dans nos sociétés, en produisant moins mais en partageant mieux. La décroissance a ainsi réouvert le débat du revenu maximum acceptable. Il est communément proposé un écart d’un à quatre entre le minimum et la maximum. Nécessaire mais pas suffisant, car comme le démontre Thomas Piketty, ces inégalités sont surtout criantes en termes de patrimoine ce qui amène à ouvrir le débat de l’héritage ou encore de la remise en question du droit de propriété quand celui-ci va à l’encontre de l’intérêt général. Enfin, ces inégalités économiques affaiblissent la démocratie en donnant un poids démesuré aux plus riches, qui possèdent aussi les médias, les réseaux sociaux et leurs algorithmes, la publicité, et qui peuvent décider vers quoi orienter l’intelligence collective, que ce soit avec la recherche, l’éducation ou encore les grands projets inutiles imposés. Sur tous ces points, la décroissance doit explorer plus en profondeur comment remettre en question ces inégalités en créant de nouveaux rapports de force de manière démocratique et non violente. Il s’agit aussi d’explorer les communs ou comment repenser la propriété et d’autres formes de gouvernance.
Troisième pilier : la décroissance comme projet de sortie de l’économicisme
C’est le troisième pilier majeur de la décroissance : comment réenchâsser l’économie, la remettre à sa place. Nos sociétés sont dominées par un néo-libéralisme devenu hors de contrôle démocratique, qui est un frein à la sortie de la croissance. En effet, un tel modèle sans croissance ne fonctionne pas, cela génère une récession. Il est ainsi fondamental d’ouvrir le débat de la création monétaire, de l’intérêt, de la gouvernance des banques centrales, de la mise en place d’audits citoyens des dettes, à la fois publiques mais aussi privées tant celles-ci deviennent prégnantes et ne seront jamais remboursées. C’est aussi la question d’une économie toujours plus financiarisée et déconnectée de l’économie réelle ou encore de l’enjeu des paradis fiscaux et de l’évasion fiscale. Sortir de la religion de l’économie c’est ainsi la remettre à sa place, un outil parmi d’autre au service de la démocratie et donc d’une décroissance choisie, organisée, juste, partagée et sereine. Il s’agit de démarchandiser nos vies. La décroissance commence ainsi à explorer la question d’une société sans monnaie, débat qui reste ouvert.
Quatrième pilier : changer la société sans prendre le pouvoir ?
Au cœur des débats, celui du pouvoir. Si consensus fort il y a autour d’une critique radicale des dominations présentes dans nos sociétés (autour de l’écoféminisme, d’une critique radicale du capitalisme, du technoscientisme ou du développementisme), articulées les unes avec les autres et qui sont à déconstruire, se pose la question de comment changer la société sans prendre le pouvoir. Le prendre participerait à recréer de nouvelles dominations. Le délaisser participe au statut quo. Comment recréer d’autres formes de rapport de force afin de transformer en profondeurs nos sociétés de manière émancipatrice, autogérée, relocalisée mais solidaire, démocratique et sereine.
Synthèses et convergences en cours
Les débuts sont riches en débats et intenses en controverses. Le mouvement se divise, en particulier autour de la question du rapport au pouvoir ou du revenu de base. Dans le cadre de la participation à des élections, de rencontres estivales notamment à Notre-Dames-Des-Landes, de la publication de textes de synthèse et de la structuration du mouvement autour de l’Association des objecteurs de croissance (AdOC), de fortes convergences émergent.
La dotation inconditionnelle d’autonomie : un outil de synthèses ?
La notion de dotation inconditionnelle d’autonomie, qui se veut être un outil de synthèse, émerge au sein des réseaux politiques de la décroissance en France. Comme pour le revenu de base, elle consiste à assurer pour toutes et tous, de la naissance à la mort, de manière inconditionnelle, ce qui démocratiquement est considéré comme suffisant pour avoir une vie digne. Mais contrairement à un revenu, elle est principalement démonétisée. Ainsi, elle est peut-être donnée en droit de tirage sur une certaine quantité de ressource comme l’eau, la nourriture, l’énergie, des m², en droit d’accès à des services (éducation, santé, transport, services funéraires, information). Une partie peut être donnée en monnaies locales et complémentaires pour certains services et biens de proximité. Enfin, seulement une partie est donnée en monnaie nationale (ou supranationale). Mais l’enjeu principal autour de cet outil, qui est avant tout une démarche de transition, est de susciter des délibérations citoyennes autour de ce qu’est une vie digne et les façons dont on peut y répondre de manière soutenable et juste pour toutes et tous.
La plateforme de convergence de l’AdOC
L’ensemble des propositions et idées, aussi bien en termes de but, de chemin et de méthode figurent dans la plateforme de convergence de l’AdOC, collectivement rédigée et adoptée en 2009 en France :
S’il ne suffit pas de résister mais qu’il faut aussi créer en inscrivant des propositions dans une plate-forme qui fait démarrer localement le global, nous proposons une Décroissance sereine et conviviale :
- Au cœur de notre projet, les relocalisations : habiter, se déplacer, fabriquer, distribuer, échanger, décider. Elles sont pour les Objecteurs de Croissance les seuls trajets ayant du sens pour retrouver la maîtrise de nos usages, ménager le territoire, nous réapproprier nos modes de vie et mettre en partage les Biens communs.
- L’encouragement et la légalisation des monnaies locales et autres systèmes d’échanges locaux non spéculatifs.
- Pour permettre l’activité choisie et la fin du travail contraint : une dotation inconditionnelle d’autonomie (DIA).
- Un revenu maximum autorisé (RMA) dont l’écart est démocratiquement discuté.
- La gratuité des services publics et des usages reconnus socialement utiles et écologiquement responsables.
- La gratuité du bon usage de l’eau, de la terre, de toutes les ressources « de haute nécessité » et le renchérissement ou la prohibition du mésusage.
- La sortie de la société de surconsommation, de concentration et de gâchis énergétiques : de la menace destructrice du nucléaire jusqu’à l’automobile.
- Le renoncement au culte de la technique qui impose une société des écrans et des biens à la place d’une société des liens, ceux de la solidarité par la coopération et le partage.
- Émanciper l’éducation et les cultures des modèles de la compétition et de la concurrence.
- La mise en œuvre de la démocratie : en finir avec les conditionnements médiatiques et publicitaires, opérer des choix collectifs pour les orientations économiques, relocaliser les contrôles démocratiques, mettre en place des garde-fous pour ne pas être pris par le pouvoir (mandats électoraux courts, non cumulables et révocables, monopole des représentants du peuple sur l’élaboration des lois, droits de vote effectivement universels).
L’internationalisation du mouvement et de ses débats
En France, suite à la création du Parti pour la décroissance, du Mouvement des objecteurs de croissance, de l’Appel Europe décroissance en 2009 et donc à la participation à des élections, la publication de livres et le lancement du journal La Décroissance, des propositions mais aussi des stratégies de transformation sociétales vont commencer à se structurer et s’articuler. Ces réflexions, débats, non sans controverses, s’inscrivent aussi dans des démarches d’expérimentations concrètes, en particulier avec la naissance de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, ou des mouvements comme les villes en transition ou les Colibris. La désobéissance civile reste très forte avec les mouvements vélo, antipub, anti-nucléaire ou anti-OGM. Les enjeux écologiques imprègnent toujours plus les débats de société et la décroissance joue un rôle d’agitateur d’idées non négligeable.
Depuis au moins 2008 et la première conférence internationale de la décroissance qui s’est tenue à Paris, les débats se sont ouverts à d’autres cultures et contextes politiques. À l’international, contrairement à la France, le mouvement s’est principalement organisé autour des mondes académiques avec des conférences internationales [Barcelone (2010), Venise et Montréal (2012), Leipzig (2014), Budapest (2016), Malmö, le Parlement européen à Bruxelles, Mexico City (2018), Vienne (2020), Manchester et La Haye (2021) et Zagreb et à nouveau le Parlement européen en 2023] et aussi des publications universitaires ou de livres.
Ces rencontres, ces publications proposent une très large diversité de réflexions et propositions qui alimentent les débats autour de ce que pourrait être un projet de décroissance, ses controverses et ses convergences. Une cartographie a été faite en 2022 (Nick Fitzpatrick et al. 2022) se proposant de les classifier par thématiques montrant en grande partie ce qui est débattu depuis les débuts de la décroissance en France : revenu de base, partage du temps de travail, revenu maximum acceptable, démocratie délibérative, les communs, etc. Il est intéressant de noter que, aussi bien en termes de définition que de fondements idéologiques, que de propositions, l’internationalisation, l’ouverture à d’autres milieux sectoriels, culturels ou politiques, la décroissance depuis une vingtaine d’années a construit un corpus commun aussi cohérent, solide que pertinent face aux défis du xxie siècle. Sur cette base, divers chantiers restent à explorer, expérimenter, débattre.
Conclusion
En janvier 2023, en France, l’ADEME dans sa lettre mensuelle titre :
Les Français aspirent à changer de modèle de société mais sont pris dans des injonctions contradictoires.
Cela confirme une tendance observée ces dernières années et qui semble se renforcer :
93 % désireraient revoir en partie ou complètement le système économique et sortir du mythe de la croissance infinie.
D’un point de vue culturel, mais aussi dans les comportements, dans les expérimentations concrètes, les idées de la décroissance imprègnent de manière forte la société.
Mais un paradoxe s’observe entre, d’un côté, des aspirations croissantes à changer de modèle économique et, de l’autre, des pratiques qui restent largement ancrées dans un modèle consumériste. La consommation exacerbe les injonctions contradictoires dans lesquelles évoluent les Français. La publicité, les offres promotionnelles, la mode, les évolutions technologiques les poussent à renouveler rapidement leurs biens et incitent à la consommation.
En effet, si des majorités culturelles émergent, elles ne sont malheureusement pas suffisantes pour arrêter la mégamachine autodestructrice dans laquelle nous sommes embarqués et qui reste poussée par une oligarchie financière au pouvoir démesuré. Le projet de décroissance explore et doit proposer des outils susceptibles de créer ce rapport de force nécessaire et suffisant afin de permettre de passer à l’étape suivante, une rupture culturelle et systémique avec le système dominant, vers une décroissance soutenable et conviviale.