L’économie sociale et solidaire et pratiques décroissantes : étude de deux initiatives communautaires en France et au Luxembourg

The social and solidarity economy and degrowth practices: a study of two community initiatives in France and Luxembourg

DOI : 10.52497/revue-opcd.479

Résumés

Résumé : Face à l'impératif d'un avenir plus durable, le concept de décroissance présente une alternative au modèle économique actuel, centré sur la croissance incessante. Cet article examine le rôle et l'impact de deux initiatives communautaires en France et au Luxembourg – Le Biau Jardin et OUNI – qui mettent en pratique les principes de la décroissance. Ces cas illustrent la capacité des modèles économiques alternatifs et de l’ESS à promouvoir la durabilité environnementale, l'équité sociale et la résilience communautaire, défiant ainsi les normes dominantes.

Le Biau Jardin, une coopérative agricole, et OUNI, la première épicerie sans emballage au Luxembourg, démontrent que l'adoption de pratiques de propriété collective, de production et de consommation locales, qui respectent les limites biophysiques de la Terre, est non seulement viable mais essentielle pour le bien-être humain et planétaire.

À travers une démarche ethnographique, incluant une observation participante et des entretiens menés sur plusieurs années avec des acteurs clés, nous analysons comment ces initiatives s'adaptent et prospèrent au sein d'un système capitaliste en adoptant des structures organisationnelles novatrices, des stratégies de financement adaptées et une gestion participative.

Notre étude révèle les dynamiques complexes entre ces entreprises communautaires et le système capitaliste, tout en soulignant les interactions enrichissantes avec les citoyens engagés dans le mouvement de la décroissance. Ce travail met en évidence à la fois les défis et les possibilités que rencontrent les entreprises cherchant à incarner les idéaux de la décroissance, offrant des perspectives précieuses sur la voie vers un avenir plus durable et équitable.

Abstract: In the quest for sustainable futures, the concept of degrowth offers logics that challenge the prevailing growth-oriented economic paradigm. This article delves into the role of two community-led initiatives in France & Luxembourg embodying and advancing the principles of degrowth: Le Biau Jardin in France and OUNI in Luxembourg.

We have identified these enterprises as critical case studies in exploring the potential of enterprises operationalizing degrowth through their alternative practices prioritizing environmental sustainability, social equity, and local resilience. Le Biau Jardin, a cooperative farming initiative, and OUNI, Luxembourg's first zero-packaging grocery store, illustrate how alternative economic models can contribute to degrowth by fostering practices of collective ownership, local production, and consumption that respect ecological limits and prioritize human and planetary well-being.

Drawing from our own personal involvement as well as ethnographic investigation comprising of participant observation and expert interviews spanning over several years, this paper analyzes how these enterprises navigate the complexities of existing within a capitalist system while embodying degrowth values through innovative organizational structures, financing as well as their operations and governance.

This investigation highlights the opportunities and challenges faced by community-led enterprises in advancing degrowth objectives, shedding light on the intricate relationship between enterprise and degrowth in the current economic context. By examining the strategies these enterprises employ to maintain their commitment to social and environmental objectives, the article contributes to the ongoing debate on the feasibility of enterprises in a degrowth economy and their role in a transitioning towards degrowth. Ultimately, Le Biau Jardin and OUNI serve as exemplars of how localized, community – focused initiatives can pave the way for a sustainable economic paradigm that transcends the limits of traditional growth – centric approaches.

Index

Mots-clés

décroissance, économie sociale et solidaire, initiatives locales, pratiques alternatives, recherche action

Keywords

degrowth, postgrowth, social & solidarity Economy, local initiatives, alternative practices, action research

Plan

Texte

L’économie sociale et solidaire comme alternative au capitalisme ?

L'économie de marché capitaliste, dans sa forme actuelle, a manifesté sa vulnérabilité, particulièrement en période de crises, telles que la pandémie de COVID-19 (Spash, 2020)1. L'orientation vers la maximisation des profits a conduit à l'épuisement des ressources, aux problèmes environnementaux qui en résultent et à l'aggravation des inégalités sociales. Ces enjeux soulignent l'urgence de repenser notre modèle économique et ses pratiques, en privilégiant le bien-être social et environnemental. Pour transcender les structures économiques conventionnelles axées sur le profit, Chatterton et Pusey (2020) appellent à de nouvelles formes d'organisation sociale de la production et à des approches alternatives de l'économie. Ils esquissent divers mécanismes de transformation, incluant la mutualisation, le développement de formes de production socialement bénéfiques, ainsi que l'émancipation et la libération de l'aliénation sociale. Ces dynamiques, considérées comme des processus d'apprentissage social (König and Ravetz, 2017), peuvent favoriser la redéfinition et l'adoption de pratiques économiques « alternatives ».

Dans cette perspective, l’« alternative » se distingue nettement du « capitalisme dominant » (Schulz & Bailey, 2014). Selon Lee (2006), un spectre alternatif qui englobe des pratiques économiques variant de simples ajustements environnementalement responsables du comportement économique à une séparation nette d'avec les activités capitalistes, et incluant des modèles préférés de l'économie contemporaine, caractérisés par une moindre conventionnalité, matérialité et institutionnalisation, et une plus grande harmonie avec la nature, souvent observés au niveau local.

En France, ces pratiques alternatives, soutenues par l'économie sociale et solidaire (ESS), sont encadrées par la loi ESS de 2014. Les initiatives et entreprises relevant de l'ESS promeuvent des approches économiques novatrices portant un message politique significatif sur la gouvernance et l'organisation économiques, prônant une gestion démocratique, « et pour le peuple ». Cette reconfiguration des paradigmes économiques révèle la diversité des pratiques économiques, distinguant les entreprises réformatrices, qui revisitent les approches socio-économiques existantes en introduisant des valeurs ajoutées socio-économiques et écologiques, des entreprises transformatrices, qui aspirent à un changement radical vis-à-vis du système prédominant, vers un modèle durable et équitable sur le plan socio-économique et écologique (Besançon, 2014 ; Duracka, 2016 ; Laville, 2014).

Au Luxembourg, suite à la mise en place d’un plan d'action pour l'économie sociale par l’UE, le département de l'ESS2 a mené une étude sur les besoins des entreprises de l'ESS dans le pays qui a abouti à la création d’un Social Business Incubator (SBI). Crée en 2023 en tant que point de référence pour l'ESS, le SBI propose des opportunités de formation, un espace de travail désigné ainsi que pour la sensibilisation autour du thème de la création d'une société d'impact sociétale (SIS). Cet agrément est une possibilité pour les organisations ou les initiatives de passer d'une activité commerciale à une organisation axée sur l'impact social. En outre, des réductions d'impôts sont offertes ainsi que la possibilité de créer un certain nombre (jusqu'à 100 %) d'actions d'impact où aucun dividende n'est versé, mais où tous les bénéfices sont réinvestis pour garantir qu'aucun bénéfice n'est extrait (Social Business Incubator, 2024).

Dans cet article, nous ambitionnons d'explorer le rôle des pratiques alternatives dites transformatrices et leur potentiel contribution à l'émergence de nouvelles réalités socio-économiques, notamment à travers le prisme de la décroissance. Cette dernière, telle que définie par ses défenseurs, aspire à une redéfinition de l'économie contemporaine par le biais de pratiques alternatives visant à réduire la consommation de ressources, l'empreinte écologique des comportements consuméristes inhérents au système capitaliste, ainsi que la fixation sur la croissance économique. Le mouvement de décroissance s'appuie sur le constat que le modèle économique mondial actuel, basé sur une croissance perpétuelle, est insoutenable, engendrant inégalités sociales et dégradation environnementale (Kallis, Demaria & D’Alisa, 2014). Au-delà d'une simple critique de la croissance économique, le mouvement de décroissance se veut multidisciplinaire et vise à repenser de multiples aspects de notre société contemporaine. Serge Latouche, figure de proue du mouvement en France, qualifie le terme « décroissance » de « mot-éclair » ou « slogan performatif », catalyseur de réflexions et d'actions (Latouche, 2022).

En adoptant une perspective large basée sur les contributions de divers auteurs, y compris Flipo, (2005), Parrique, (2019), Slim (2015), et d'autres auteurs susmentionnés, cet article met en lumière la richesse des perspectives au sein du mouvement de décroissance, qui s'efforce de remettre en cause le capitalisme dominant. Ces réflexions enrichissent la discussion en proposant une reconquête ambitieuse de l'économie.

Plusieurs courants de pensée émergent de ces contributions, chacun soulignant différentes facettes de la décroissance :

La première école, dite de la critique anthropologique, s'inspire de Marx, Engels, et Baudrillard pour remettre en question le consumérisme et promouvoir une « décolonisation des imaginaires » (Castoriadis, 1997 ; Latouche, 2003). Elle entend revisiter les valeurs, institutions et symboles qui façonnent notre conception sociale, en questionnant les perceptions habituelles de la croissance, de la prospérité et du bien-être, au-delà de la simple accumulation de richesses matérielles.

La seconde école critique la société technicienne. Fondée sur les travaux d'André Gorz et d'Ivan Illich, elle questionne la quête incessante d'efficacité technologique, jugée responsable de la détérioration de nos modes de vie, d'inégalités croissantes et d'exclusions (Gorz, 1968 ; Pansera & Fressoli, 2021). Ce courant appelle à une révision profonde de nos approches du travail, de la production, et de notre rapport aux progrès technologiques.

La troisième école se concentre sur les enjeux environnementaux, mettant en lumière les conséquences écologiques de la croissance et intégrant des notions telles que la « dette écologique » et la « justice climatique » (Martinez-Alier, 2011). Elle souligne l'incompatibilité entre les modèles de croissance actuels et le respect des limites biophysiques de notre planète.

La quatrième école, centrée sur la recherche de sens, valorise la qualité de vie et les biens relationnels, prônant une « sobriété heureuse » et une « simplicité volontaire » (Rabhi, 2014 ; Ridoux, 2006). Elle établit que le véritable progrès humain ne réside pas dans l'accumulation de biens matériels mais dans l'enrichissement des relations humaines.

Toutefois, malgré la force de ses arguments contre le modèle économique dominant, le concept de décroissance n'est pas exempt de critiques. L'une des principales objections concerne sa faisabilité : opérer la transition vers un modèle de décroissance s'avère complexe et difficile à réaliser (Jackson, 2009). De plus, la décroissance est souvent perçue comme idéaliste, lui reprochant l'absence d'une feuille de route claire pour l'atteinte de ses objectifs (Fournier, 2008).

Un autre défi réside dans les potentielles perturbations sociales et économiques qu'une transition abrupte vers la décroissance pourrait engendrer, avec des risques de pertes d'emploi et d'instabilité économique, impactant disproportionnellement les communautés les plus marginalisées (Smith, 2021). La notion de la sobriété volontaire, promue par la quatrième école, implique par exemple que les pays en développement acceptent une stagnation, voire une réduction de leur PIB par habitant, tandis que les pays développés devraient diminuer significativement leur niveau de vie, une proposition critiquée pour son manque de réalisme (Duval, Hong & Timmer, 2020).

Le consumérisme, en tant que phénomène social et culturel, représente un défi majeur pour la rééducation des comportements de consommation, rendant l'objectif de changement apparemment utopique (Slim, 2015). Kallis et al. (2014) soulignent la nécessité de recherches approfondies pour élucider les stratégies permettant aux nations de naviguer à travers la stagnation économique tout en évitant les catastrophes climatiques. Le système économique prédominant, profondément ancré dans la société, bénéficie du soutien de nombreux acteurs ayant un intérêt à préserver le statu quo (Kallis, 2018 ; Komatsu & Rappleye, 2024). Face à cela, les défenseurs de la décroissance sont appelés à proposer des alternatives séduisantes, susceptibles de rivaliser avec les bénéfices actuellement perçus par ces acteurs. De surcroît, les médias et l'industrie publicitaire exacerbent le problème en promouvant le consumérisme comme voie vers le bonheur et l'acceptation sociale (Dauvergne & Lister, 2012).

La question du rôle des gouvernements et des décideurs dans la concrétisation d'une « économie de décroissance » reste prégnante. Krausmann et al. (2018) et Latouche (2022) pointent vers l'impératif de politiques de soutien fidèles aux principes de la décroissance. Néanmoins, leur mise en œuvre se heurte à la résistance des intérêts particuliers et à la complexité de transition vers un modèle économique durable (Krausmann et al., 2018 ; Latouche, 2022). Les politiques doivent être contextualisées, en tenant compte de la volonté politique, de la capacité institutionnelle et de l'engagement des parties prenantes. Cette démarche requiert une innovation et une flexibilité souvent contrariées par la rigidité des cadres législatifs régissant l'économie de marché.

Dans une perspective d'innovation sociale transformatrice, cet article propose que la décroissance puisse se matérialiser progressivement à travers les pratiques et les entreprises de l'ESS, lesquelles, par leurs initiatives, aspirent à transgresser le système capitaliste et à offrir des alternatives viables pour la planète et pour leurs communautés. Ces alternatives, allant de modes de gouvernance démocratiques et participatifs à des formes de financement innovantes telles que le crowdfunding, défient les conventions capitalistes et illustrent le potentiel de l'innovation sociale à répondre à des problèmes jusque-là irrésolus par le système économique traditionnel. Selon l’Institut Godin et le CRISES3, l'innovation sociale4 se définit comme une initiative engagée par des acteurs sociaux pour transformer les relations sociales, suggérant de nouvelles orientations (Besançon, 2014). Elle est ainsi perçue comme une démarche visant une transformation sociale profonde, influençant divers aspects des relations sociales, y compris ceux liés à la production, à la consommation, ainsi qu'aux questions de genre et de classe (Richez-Battesti, Petrella & Vallade, 2012).

Pour illustrer ces processus de transformation, cet article examine deux initiatives en France (Le Biau Jardin) et au Luxembourg (OUNI) pour appréhender le rôle des entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS) dans la concrétisation des idéaux de la décroissance. Afin d'explorer empiriquement comment ces initiatives peuvent matérialiser ces idéaux, nous proposons plusieurs critères spécifiques qui reflètent les principes centraux de la décroissance.

Le choix des critères d'évaluation pour cette étude est un exercice complexe, voire impossible, en raison de la diversité et de la complexité des initiatives ainsi que des différentes écoles et approches de transformation socio-économique proposées dans la littérature sur la décroissance. Notre objectif principal étant de comprendre et de documenter ce qui est fait sur le terrain, nous avons basé notre sélection sur une revue approfondie de la littérature existante sur la décroissance et les approches économiques alternatives. Ainsi, nous avons retenu les critères suivants : équité sociale, résilience écologique, autonomie locale, réduction de la consommation et participation communautaire. Ces critères reflètent les principes centraux de la décroissance tels que définis par des chercheurs renommés dans ce domaine (Latouche, 2003 ; Gibson-Graham et al., 2013 ; Kallis et al., 2014 ; D’Alisa et al., 2014). Ils ont été choisis pour leur pertinence et leur capacité à capturer les dimensions sociales, économiques et environnementales des initiatives de l'ESS.

Équité sociale : Les initiatives de l'ESS doivent être évaluées sur leur capacité à réduire les inégalités et à promouvoir l'équité sociale. Il est essentiel d'examiner comment elles redistribuent les ressources, offrent un accès équitable aux services et soutiennent les groupes marginalisés (Gibson-Graham et al., 2013 ; Kallis et al., 2014).

Résilience écologique : La durabilité écologique des pratiques est un pilier central de la décroissance. Les initiatives doivent être mesurées sur leur capacité à maintenir et à renforcer la résilience des écosystèmes locaux, notamment à travers la gestion durable des ressources naturelles et la minimisation de l'impact environnemental (D’Alisa et al., 2014 ; Martinez-Alier, 2011).

Autonomie locale : L'autonomie locale en termes de production et de consommation est cruciale pour les modèles de décroissance. Cela implique l'évaluation de la capacité des initiatives à favoriser des systèmes de production locaux et décentralisés qui renforcent l'autonomie économique des communautés (Hopkins, 2008 ; Latouche, 2015).

Réduction de la consommation : Un aspect fondamental de la décroissance est la réduction de la consommation. Les initiatives doivent promouvoir une consommation responsable, minimiser les déchets et encourager les comportements de consommation durables parmi les communautés (Alexander, 2012 ; Hinton & Goodman, 2010).

Participation communautaire : Le degré de participation communautaire et de gouvernance démocratique est essentiel pour aligner les pratiques des initiatives avec les principes de la décroissance. Il convient d'analyser comment ces initiatives engagent les communautés dans les processus décisionnels et les activités quotidiennes (Escobar, 2008 ; Hinton & Goodman, 2010).

En utilisant ces critères, nous visons à enrichir notre compréhension de la manière dont les initiatives d'ESS incarnent et promeuvent les idéaux de la décroissance, tout en explorant les défis et les opportunités liés à ces pratiques. Par le biais d'une analyse fondée sur une étude ethnographique et empirique, notre objectif est de saisir les dynamiques complexes à l'œuvre et de générer des connaissances susceptibles d'éclairer à la fois la théorie et la pratique (Gibson-Graham, 2020 ; Stirling, 2014).

La section méthodologique suivante présente la généalogie et les valeurs de nos études de cas, avant d'identifier et d'analyser les dimensions clés pertinentes à l'implémentation de la logique de décroissance. Nous établirons ensuite un lien entre ces dimensions et le fonctionnement de nos cas d'étude avec la littérature sur la décroissance. En conclusion, nous résumerons les principaux enseignements de notre recherche et proposerons des recommandations pour des études futures.

Une approche méthodologique par immersion mêlant entretien et observation participante

Notre approche méthodologique repose sur une étude de cas qualitative multisites, enrichie par des méthodes ethnographiques, notamment l'observation participante lors d'événements clés orchestrés par les initiatives examinées. Notre niveau d'engagement a oscillé entre une simple présence et une participation active à l'organisation et la (co)facilitation de divers événements portées par les structures. Il convient de souligner que les auteurs étaient déjà engagés auprès des initiatives à l'étude avant le début de la recherche : un au sein du Biau Jardin en France depuis 2018, et l’autre avec OUNI au Luxembourg, de décembre 2017 jusqu'à sa fermeture en octobre 2022. Cette immersion précoce a facilité une compréhension profonde et nuancée des dynamiques internes des initiatives et de leur capacité à contribuer à la décroissance.

Pour le Biau Jardin, l’enquête a inclus différents entretiens avec diverses parties prenantes du projet (membres du bureau, membres fondateurs, conseil d’administration, bénévoles comme salariés). Cumulant plus de 300 minutes d’entretiens, ces échanges ont permis de comprendre le mode de fonctionnement du projet mais aussi les valeurs associées aux « imaginaires5 » que les parties prenantes s'efforcent de concrétiser à travers leurs actions, et de diffuser via diverses campagnes et activités. C’est ainsi que nous avons participé à des repas solidaires organisés par le Biau jardin, des ateliers de jardinage dans lequel nous avons « fait-avec » l’équipe opérationnelle afin de mieux nous imprégner de leurs méthodes de travail. Nous avons aussi visité différents stands et magasins promouvant les pratiques et produits du Biau Jardin afin de corréler les dires de l’équipe projet avec les faits. Cette approche de triangulation nous a permis d’avoir une vision plus approfondie du modus operandi du projet.

Quant à OUNI, l'enquête a inclus plusieurs entretiens approfondis totalisant environ 200 minutes. Ces discussions ont impliqué le gérant du projet et différents membres du projet ayant des responsabilités opérationnelles dans le projet (communication, gestion financière, groupe de bénévoles). De plus, en tant que membres actifs de 2018 jusqu'à la fermeture en 2022, nous avons participé à des quarts de travail mensuels de deux heures pendant trois ans, ce qui nous a permis de converser avec une diversité de personnes incluses dans le projet.

Inspirée par la théorie de la performativité des économies alternatives de Gibson-Graham (2017), notre étude s'ancre dans nos expériences vécues au sein de ces initiatives. Ce positionnement à la fois comme participants et chercheurs a favorisé une immersion profonde dans les réalités opérationnelles des cas étudiés, permettant une appréciation authentique de leurs pratiques et éthiques.

Les sections suivantes de notre article aborderont le contexte historique, les valeurs fondamentales et les pratiques opérationnelles qui caractérisent nos études de cas.

Généalogie des cas d’études

Le Biau Jardin 

Fondée en 1997 à Clermont-Ferrand, Le Biau Jardin est le fruit de l'initiative d'un collectif d'agriculteurs locaux, en réponse à la faible autosuffisance alimentaire en légumes de la ville, malgré la fertilité des terres de la région de Limagne6. L'objectif était double : répondre aux besoins locaux d’alimentation durable tout en favorisant les interactions sociales et l'autonomisation socioprofessionnelle à travers l'agriculture. Cette initiative s'appuyait sur une vision de revitalisation de la sécurité et de la production alimentaires locales, en plaçant au centre les besoins humains essentiels – alimentation, santé, et emploi valorisant – en synergie avec le bien-être environnemental et social, écho à la théorie des besoins de Maslow (Maslow, 2013).

Le projet se proposait de marier agriculture et insertion socioprofessionnelle, s'inspirant pour cela du succès des Jardins de Cocagne. Ainsi, sur un terrain de 2,5 hectares prêté par la municipalité de Riom, le projet mariant production alimentaire et apprentissage a lancé ses activités avec 12 employés à temps partiel sous la houlette d'un agriculteur professionnel. Suite à une tempête dévastatrice en 1999, Le Biau Jardin, avec le soutien de partenaires locaux et de financements européens, a déménagé à Gerzat sur un terrain de 2,6 hectares. Cette étape a marqué sa transformation en entreprise d'insertion sociale, reflétant le nombre croissant de personnes bénéficiant des compétences en matière d'agriculture et de gestion de projet offertes par le projet à travers ses divers chantiers. Ensuite, avec le temps, le projet a diversifié sa production agricole en ajoutant des fruits biologiques, la distribution du pain, et des œufs, et en établissant un magasin de vente directe. Cette expansion a permis de créer un espace communautaire inclusif, animé par des ateliers, des repas solidaires avec des produits invendus, et des initiatives axées sur la sécurité alimentaire et le bio, confirmant sa volonté d’avoir un impact positif dans une logique de transformation socio-territoriale grâce à l'agriculture communautaire.

OUNI

Lancée en février 2016, OUNI (acronyme de Organic Unpackaged Natural Ingredients, signifiant également « sans » en luxembourgeois) émerge d'une volonté partagée, exprimée initialement sur Facebook, d'ouvrir le premier magasin zéro déchet au Luxembourg. L'objectif était de proposer des produits d’épicerie biologiques, saisonniers, locaux, et éthiques, sans emballage, répondant ainsi à une absence notable sur le marché luxembourgeois. Sans expérience préalable en création ou gestion d'entreprise, les fondatrices ont sollicité l’accompagnement du programme nyuko7, bénéficiant d’une année de formation et d’orientation sur la faisabilité de leur projet.

La validation de la demande a été réalisée à travers une enquête publique, recueillant près de 4000 réponses en quelques jours, révélant un fort désir de participation au projet. Cet enthousiasme a conduit à la décision de constituer une coopérative, permettant ainsi un accès facilité au financement par l’apport en capital des futurs membres. Un besoin de financement initial de 180000 euros a été identifié, fixant la part sociale à 100 euros, avec un investissement de 1000 à 2000 euros de la part de chaque membre fondatrice. Une campagne de crowdfunding a été lancée avec succès, attirant 500 membres à son ouverture en recueillant le montant total en seulement quatre mois.

La coopérative a organisé des groupes de travail dédiés à diverses fonctions, allant de la gestion du bulletin d’information à l’organisation d’événements communautaires, tandis que d’autres membres ont opté pour des contributions financières substantielles, parfois allant jusqu’à 10000, même 20000 euros. Une deuxième campagne de financement participatif a élargi la base à environ 1400 membres, chacun investissant entre 100 euros et 20000 euros, tout en maintenant le principe d’une voix par membre, indépendamment du montant investi.

Cependant, l'expansion ambitieuse d'OUNI a été entravée par une série de défis, notamment les coûts associés à l'ouverture d'un second magasin juste avant le confinement dû à la pandémie, l’augmentation des prix de produits alimentaires liée à la guerre en Ukraine et des divergences entre la gestion et le conseil sur les valeurs et visions de l'entreprise. Ces difficultés économiques, marquées par une insuffisance des ventes pour couvrir les coûts opérationnels et les dettes, ont finalement conduit à la fermeture d’OUNI, faute de solutions viables pour surmonter ces obstacles.

Des pratiques innovantes ?

Le Biau Jardin

Le Biau Jardin se distingue par sa livraison hebdomadaire de paniers alimentaires à environ un millier d'abonnés, mettant en avant des légumes biologiques locaux. Au-delà de son rôle de fournisseur alimentaire, l'initiative s'érige en véritable plateforme d'insertion socioprofessionnelle. En effet, elle emploie des individus sous contrats d'insertion (CDDI), leur offrant ainsi des opportunités d'emploi et de formation valorisantes. Parlant à la chargée de l'accompagnement socioprofessionnel du projet, la coopérative ambitionne de développer des compétences polyvalentes chez les participants, les préparant à une transition réussie vers divers secteurs d'activité. L'objectif dépasse donc la simple provision d'un emploi temporaire ; il s'agit de garantir le bien-être à long terme des bénéficiaires par un soutien et un engagement constant.

À travers les échanges avec le projet, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec une salariée du projet – initialement intégrée en tant que personne en réinsertion et parvenue à un poste de direction – qui a témoigné de la philosophie de travail unique du Biau Jardin et de son potentiel transformatif. Venue d'un univers éloigné de l'agriculture, elle a su trouver au sein du projet un espace d'expression pour ses compétences et sa passion. Son parcours illustre comment le Biau Jardin réussit à harmoniser les aspirations individuelles avec ses principes axés sur la solidarité et le collectif, valorisant le sens du travail et l'évolution professionnelle au cœur de sa démarche. D'autres témoignages cueillis sur le terrain renforcent cette vision, soulignant l'importance accordée à l'apprentissage et à la croissance professionnelle, malgré la rigueur du travail agricole.

Sur le plan de la durabilité écologique, l'engagement du Biau Jardin se manifeste par une documentation rigoureuse de son impact environnemental et de ses contributions aux objectifs de développement durable (ODD). Le projet privilégie la relocalisation des productions, une stratégie bénéfique tant pour l'efficacité économique que pour la durabilité environnementale, en réduisant les distances de transport et, par extension, les émissions de CO2. Cette orientation soutient la souveraineté alimentaire locale et participe à la lutte contre le changement climatique en diminuant l'empreinte carbone du transport de denrées sur de longues distances.

OUNI

OUNI s'est imposée comme la première épicerie en vrac du Luxembourg, se distinguant non seulement par son offre de produits biologiques, saisonniers, et majoritairement régionaux pour minimiser l'impact environnemental, mais aussi par sa vision de créer un espace communautaire plutôt qu'un simple point de vente. Cet espace se voulait un lieu de rencontre pour les personnes partageant un intérêt pour le zéro déchet et la durabilité, favorisant ainsi l'échange et la sensibilisation autour de ces enjeux.

La coopérative envisageait de fonctionner avec des employés salariés (y compris un gérant) ainsi que l'engagement volontaire de ses membres pour la gestion quotidienne du magasin. L'ambition était de bâtir une communauté solidaire, impliquée dans les opérations sans visée commerciale. Cependant, face à la diminution de la motivation bénévole, il est devenu nécessaire de recruter des employés supplémentaires, ajustant ainsi le modèle opérationnel envisagé.

Les tâches étaient réparties en groupes de travail couvrant divers aspects tels que l'administration, le marketing, la gestion de la newsletter, l'organisation d'ateliers, et même la direction de la coopérative, afin de maintenir une structure non hiérarchique encourageant la participation active de tous dans le développement de l'organisation. Finalement, les défis susmentionnés ont conduit à l'embauche de plusieurs salariés chargés de l'essentiel des activités quotidiennes dans les deux magasins jusqu'à leur fermeture.

Quid de leur alternativité au capitalisme dominant ?

Dans cette section nous aimerons aller au-delà de la présentation des activités des initiatives choisies pour cette étude afin de disséquer leurs valeurs et modus operandi. Dans l'analyse de leur divergence par rapport au capitalisme dominant, nous avons identifié des aspects spécifiques de nos études de cas – Le Biau Jardin et OUNI – qui se distinguent nettement des entreprises capitalistiques traditionnelles. Ces spécificités se manifestent dans la forme juridique adoptée, les stratégies de financement, et les opérations quotidiennes, ancrées dans des valeurs fondamentales telles que la justice sociale, l'équité, et le sens de la communauté, divergeant ainsi des objectifs économiques conventionnels centrés sur la maximisation du profit et la propriété individuelle.

Structures organisationnelles

En 2007, Le Biau Jardin a évolué d'une association d’insertion professionnelle dédiée à l'agriculture vers une Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC), incarnant ainsi une démarche de démocratisation de sa gouvernance en intégrant activement toutes les parties prenantes. Cette transition vers un modèle SCIC visait à instaurer une plateforme participative, encourageant la contribution de chaque individu et institution à la forme et à l'évolution du projet. La SCIC se caractérise par une gouvernance multipartite, incluant employés, clients, autorités locales, et associations, ce qui favorise une prise de décision collaborative. L'exemple emblématique de cette approche est la fixation des prix des paniers alimentaires lors des assemblées générales, illustrant la volonté de prioriser le bénéfice communautaire sur le gain financier. Cette structure coopérative, en permettant aux membres d'acheter des parts et en soulignant l'importance des principes de dignité humaine, démocratie, et solidarité, défie directement les modèles capitalistes par une préférence marquée pour les intérêts collectifs.

Ainsi, la structure coopérative favorise non seulement un sentiment d'appropriation parmi les parties prenantes, mais encourage également une participation active au-delà de l'investissement financier, comme en témoigne l'engagement des « consom'acteurs8 » qui contribuent au projet à divers titres.

En mai 2023, 200 des 983 abonnés aux paniers alimentaires étaient également actionnaires de la coopérative, jouant ainsi un rôle essentiel dans le processus de prise de décision. Le conseil d'administration du Biau Jardin, composé de 13 membres issus de six collèges distincts représentant différents groupes de parties prenantes, assure une représentation diversifiée et une prise de décision équitable. Cette structure de gouvernance répond aux besoins et aux préoccupations de toutes les parties concernées, qu'il s'agisse des employés à temps plein, des participants à la réinsertion socioprofessionnelle, des autorités locales ou des réseaux biologiques, renforçant ainsi l'engagement du projet en faveur des valeurs communautaires et de la durabilité.

Pendant les périodes difficiles, telles que la pandémie de COVID-19, le modèle de gouvernance de la coopérative s'est avéré efficace pour relever les défis opérationnels, en équilibrant la demande accrue de paniers alimentaires avec le bien-être de l'équipe de production et les principes de durabilité de la coopérative. La décision de plafonner les abonnements à 1100, sur la base des contributions des différents collèges, illustre la capacité de la coopérative à naviguer dans la complexité tout en maintenant ses valeurs fondamentales et son intégrité opérationnelle.

Pour OUNI, la décision de se constituer en société coopérative visait à souligner l'aspect coopératif de l'entreprise et à établir une hiérarchie horizontale, où chaque membre dispose du même pouvoir de vote, quel que soit son investissement. Cette structure cherchait à maximiser la participation active et à mutualiser les ressources financières. Néanmoins, la classification réglementaire de la coopérative comme entreprise commerciale a représenté une difficulté, car elle ne reflétait pas les aspirations d'OUNI à créer une communauté centrée sur l'accès à des produits biologiques locaux sans emballage pour tous.

Ces cas illustrent comment des initiatives orientées vers la durabilité et l'équité peuvent innover dans leur structure organisationnelle et leurs opérations pour refléter des valeurs profondément ancrées dans l'alternativité au capitalisme dominant, en mettant l'accent sur la communauté et la durabilité plutôt que sur le profit.

Stratégies de financement

Ces initiatives se sont principalement appuyées sur leur communauté pour le financement de leurs projets. OUNI a opté pour le crowdfunding et les prêts personnels des membres, évitant délibérément les prêts bancaires pour ne pas allouer les bénéfices au remboursement des intérêts, mais plutôt les réinvestir dans le projet et sa communauté. Cette approche est illustrée par les propos d'une des fondatrices d'OUNI qui souligne la lourdeur potentielle d'un prêt sur la gestion financière de la coopérative.

« Bien sûr, nous aurions pu contracter un prêt, mais cela aurait été un fardeau plus lourd, car le stress lié au fait d'atteindre un certain chiffre chaque mois et d'être en mesure de rembourser aurait été tout à fait différent. » (Une des fondatrices d’OUNI en réponse à la question si un prêt était une option viable pour la coopérative)

Pour OUNI, l'objectif était donc d'atteindre une autonomie en excluant les dispositifs financiers classiques et en évitant les contraintes liées à des statuts spécifiques qui pourraient offrir des avantages fiscaux mais imposer des obligations incompatibles avec les principes de la coopérative. À la place de ces approches, la coopérative a privilégié une mobilisation de son réseau de soutien pour obtenir des financements directement de la part de membres engagés9 et via des campagnes de crowdfunding.

Le Biau Jardin, de son côté, finance ses activités principalement par la vente de paniers de produits agricoles et par les contributions des membres qui achètent des parts dans la coopérative.10 En devenant actionnaire du projet, on accepte de ne pas recevoir de dividendes financiers mais plutôt de faire partie d'un projet communautaire où l'accent est mis sur le réinvestissement des rendements du projet pour le développer de manière à ce qu'il profite à plus de personnes dans la communauté plutôt qu'à un individu. L'objectif est donc d'aider à construire une économie viable basée sur la solidarité, plutôt que d'augmenter son capital au détriment de l'écologie ou du bien-être humain.

En dehors des parts et les ventes, les bénévoles du projet contribue de manière significative à l'efficacité économique du Biau Jardin. Le projet bénéficie de la bonne volonté des partenaires bénévoles et des magasins, qui fournissent gratuitement plus de 50 points de collecte pour les adhérents aux paniers. Cet arrangement garantit l'accès des consommateurs à des produits frais tout en renforçant l'engagement de la communauté. En effet, la plateforme numérique du Biau Jardin facilite l'identification des points de collecte à proximité, ce qui permet de réaliser des économies substantielles. En 2022, le projet a permis d'économiser environ 48 000 euros grâce à ce réseau de bénévoles, contrairement à l'expérience d'un agriculteur du sud de la France qui a dû faire face à des coûts de distribution de 1 euro par panier en raison de l'absence d'un tel réseau de soutien, ce qui illustre les avantages économiques et opérationnels d'une collaboration menée par la communauté.

(Co)opération locale

Les études de cas de cette recherche mettent en lumière l'importance capitale du bénévolat et des réseaux d'acteurs locaux dans le succès des initiatives examinées. Le soutien des membres, à travers leur temps et leur engagement bénévole, constitue un pilier essentiel du fonctionnement de ces projets, permettant l'exécution de nombreuses tâches sans frais supplémentaires. Cette implication directe des membres renforce la réciprocité des avantages, tels que l'accès à des produits biologiques et locaux, créant ainsi un écosystème de soutien mutuel.

Dans le cas d'OUNI, la coopération avec des producteurs partageant des valeurs similaires de solidarité a été cruciale. OUNI, agissant davantage comme un distributeur, a privilégié les partenariats avec des fournisseurs alignés sur ses principes, accentuant l'importance de la communauté dans son modèle opérationnel. Un ancien membre responsable du marketing souligne : 

« Avec OUNI, il a toujours été question de communauté... Lorsque vous venez faire du bénévolat, vous faites partie de ce groupe de personnes qui s'engagent à respecter certaines valeurs et vous contribuez à faire fonctionner le magasin. » (ancien membre responsable marketing)

Le Biau Jardin, fonctionnant sous le statut de Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC), intègre également de manière active les partenaires et consom'acteurs locaux dans son approvisionnement alimentaire, incarnant ainsi les principes de proximité et de soutien mutuel. Les partenariats avec des entreprises ou associations locales sont essentiels pour la distribution des paniers alimentaires, établissant une relation symbiotique qui profite à l'ensemble de l'écosystème coopératif. En retour de leur rôle dans la distribution, ces partenaires bénéficient de visibilité et d'opportunités au sein de la coopérative, améliorant ainsi l'efficience de la distribution et réalisant des économies significatives en évitant les coûts conventionnels.

La logistique de livraison des paniers est finement orchestrée, des opérations de tri à la salle de stockage jusqu'à la distribution finale chez les partenaires. Les produits moins esthétiques mais comestibles sont destinés aux bénévoles et aux communautés, contribuant à la sécurité alimentaire locale. La plateforme numérique du Biau Jardin facilite non seulement la localisation des points de collecte mais encourage également l'engagement des consommateurs en tant qu'actionnaires, leur permettant ainsi de participer à la gouvernance de la coopérative.

Cet engagement envers la coopération locale, tant chez OUNI que Le Biau Jardin, démontre un modèle de distribution alimentaire centré sur la communauté, valorisant l'efficacité, la durabilité et le renforcement des liens locaux, illustrant parfaitement l'alternativité de ces initiatives au capitalisme dominant.

Approches alternatives mais durables ?

Écrire un article sur les approches alternatives proposées par les initiatives de l’ESS dans une logique de décroissance semblerait incomplet sans parler de la durabilité des pratiques de ces initiatives. Durabilité dans notre contexte se réfère non seulement à l’impact de ces initiatives sur leurs environnements immédiat dans une logique écologique en lien avec les enjeux écologiques mais aussi sur la durabilité économique et la viabilité de la stratégie des pratiques développées par ces initiatives.

Durabilité environnementale

Pour le groupe fondateur de l’OUNI, l’objectif était de l'impact environnemental associé à l’achat de produits en épicerie en éliminant l'usage des emballages plastiques pour les aliments, tout en favorisant l'accès à des produits locaux, biologiques et éthiques. Cette approche avait pour but de minimiser les répercussions écologiques de la consommation quotidienne.

Le Biau Jardin, à travers son modèle de chaîne d'approvisionnement local, illustre concrètement la réduction de l'empreinte carbone. La proximité de la production limite le transport des marchandises, entraînant une diminution significative des émissions de gaz à effet de serre. Ce processus, en facilitant également les livraisons groupées vers des points de ramassage accessibles, réduit la pollution et optimise les trajets des consommateurs, soutenant ainsi activement l'atténuation du changement climatique. En 2023, Le Biau Jardin desservait 983 abonnés avec des paniers biologiques variés, contribuant directement à la sécurité alimentaire locale et à la lutte contre l'insécurité alimentaire, tout en favorisant une consommation responsable et de proximité.

Viabilité économique

La pérennité économique du Biau Jardin s'appuie sur une hybridation des ressources11, garantissant une résilience économique, même en périodes de crise, comme lors de la pandémie de COVID-19. Une part significative de leurs revenus provient de la vente directe de produits et des contributions des consom'acteurs, complétée par des subventions alignées sur des objectifs politiques locaux. Ces dernières, en soutenant des initiatives comme le Territoire Zéro Chômeurs12, renforcent les efforts de réinsertion socio-économique. Par ailleurs, l'engagement bénévole constitue une ressource précieuse, représentant environ 10% des ressources totales du projet. Les bénévoles jouent un rôle crucial dans la stratégie opérationnelle et la gestion de crise, contribuant à une variété de tâches allant de la gouvernance à l'assistance technique.

Cette approche pluridimensionnelle de la durabilité met en exergue la capacité des initiatives de l'ESS à instaurer des modèles économiques qui non seulement respectent l'environnement mais assurent également leur autonomie financière. Le Biau Jardin, par son engagement dans des pratiques agricoles respectueuses et sa structure de financement diversifiée, démontre l'efficacité d'une économie solidaire basée sur les principes de partage et de mutualisation des ressources. Cette démarche reflète un modèle alternatif et durable au sein du système économique, proposant une voie viable pour la décroissance, en harmonie avec les principes écologiques et en réponse aux défis contemporains du développement durable.

Pour OUNI, l'expérience souligne les défis associés à l'adoption d'une approche strictement alternative, rejetant les modèles de financement conventionnels du capitalisme traditionnel au profit d'un modèle entièrement soutenu par les contributions de la communauté. Cette stratégie, axée sur le renforcement des liens sociaux et l'engagement communautaire, a, dans un premier temps, incarné un idéal de solidarité et d'indépendance. Cependant, les restrictions en termes de capacités d'autofinancement se sont avérées limitantes, en particulier face à des crises imprévues comme la pandémie de COVID-19. La décision d'OUNI de s'éloigner des mécanismes financiers traditionnels, bien qu'alignée sur ses valeurs fondamentales, a finalement révélé une vulnérabilité financière et opérationnelle qui a contribué à la fermeture du projet. Cette expérience, bien qu'ayant abouti à un résultat indésirable, offre des leçons précieuses sur l'équilibre nécessaire entre idéaux alternatifs et réalités économiques. Elle suggère qu'une approche plus hybride, combinant des sources de financement diversifiées tout en préservant les principes éthiques et communautaires, pourrait renforcer la résilience des initiatives similaires à l'avenir.

L'histoire d'OUNI, malgré sa conclusion, met en lumière un modèle audacieux de gestion coopérative et d'engagement communautaire, soulignant l'importance de l'adaptabilité et de la flexibilité dans le développement de pratiques durables. Elle rappelle que, dans le contexte de l'économie sociale et solidaire orientée vers la décroissance, la recherche d'alternatives viables nécessite une réflexion continue et des ajustements stratégiques pour concilier aspirations idéalistes et viabilité à long terme.

Et la décroissance dans tout ça ?

Malgré le fait que, lors des entretiens, aucune des organisations étudiées n'ait explicitement revendiqué adhérer aux principes de la décroissance, il est crucial de noter que plusieurs de leurs activités et valeurs correspondent étroitement aux idéaux de ce mouvement. En effet, leurs objectifs de développement durable, fréquemment mis en avant sur leurs plateformes numériques, reflètent une convergence significative avec la philosophie de la décroissance. Basée sur les quatre écoles de la décroissance précédemment évoquées et les cinq critères que nous avons développés comme matrice d’évaluation, cette section propose une analyse approfondie de la manière dont ces initiatives d’économie sociale et solidaire (ESS) matérialisent les valeurs de la décroissance. Nous explorons également comment la diffusion de leurs pratiques pourrait représenter un chemin viable vers une transformation socio-économique profonde et durable.

Décolonisation des imaginaires et valeurs humaines

Le Biau Jardin, en embrassant les principes de « prééminence de la personne humaine, de la démocratie et de la solidarité »13, incarne l'esprit de la décroissance à travers la décolonisation des imaginaires. Cette initiative privilégie les valeurs humaines et collectives plutôt que les motivations liées au profit, illustrant une vision holistique de la croissance qui transcende l'abondance financière (recherche de profit et d’augmentation de capacité financière). En promouvant l'autonomisation individuelle (à travers ses activités de réinsertion socio-professionnelles) pour le progrès collectif, Le Biau Jardin conteste le paradigme économique dominant, alignant ses pratiques avec les critiques du consumérisme et du productivisme (Kallis et al., 2014 ; Latouche, 2003). Cette approche répond donc au critère d’équité sociale proposée plus haut comme révélateur d’un potentiel décroissant. En effet, au Biau Jardin, la méthodologie de travail et sa valorisation est conçue pour réduire les inégalités internes, notamment en veillant à ce que l’écart salarial entre le directeur et l’employé de base ne dépasse pas un ratio de 1,7. Ceci est argumenté par le collectif porteur du projet comme une volonté de réduire les sentiments d’inégalités et d’exploitation souvent rencontrées dans les entreprises capitalistes classiques.

Outre ces aspects, l'approche du Biau Jardin et d’OUNI peut être mieux comprise à travers le prisme de l’ « autonomie » telle que conceptualisée par Illich (1973). Ce concept souligne l'importance des initiatives communautaires et de l'autosuffisance, en remettant en question les systèmes économiques conventionnels qui sapent souvent l'autonomie locale. En encourageant un sentiment d'indépendance et d'autonomie au sein de la communauté par la création de circuits de distribution et d’approvisionnement alimentaires de proximité, Le Biau Jardin et OUNI n'adhèrent pas seulement aux principes de la décroissance, mais participent aussi activement à la refonte des récits économiques locaux.

Critique de la société technicienne et développement local

Le Biau Jardin et OUNI remettent en cause l'obsession de la société technicienne pour l'efficacité et la croissance. L'engagement du Biau Jardin en faveur du développement local et de la protection de l'environnement, notamment en préservant la ceinture verte de la métropole clermontoise, est une réponse directe aux défis posés par l'urbanisation sauvage et le réchauffement climatique.

Intégrant le concept de « technologie appropriée » préconisé par (Schumacher, 1973), les deux initiatives témoignent d'une utilisation responsable de la technologie qui donne la priorité à l'inclusion et à la participation plutôt qu'à la simple performance. Cette approche contraste fortement avec le modèle axé sur la croissance, dans lequel la technologie est souvent utilisée pour maximiser l'efficacité et le profit. Dans le cas du Biau Jardin, la technologie est utilisée pour améliorer les pratiques agricoles durables et l'engagement de la communauté, plutôt que pour intensifier la production au détriment des valeurs environnementales et sociales. En utilisant des machines simples qui facilitent la distribution de l'eau, la récupération de l'eau de pluie ou la diffusion vers la ferme et les serres, la ferme contribue à réduire le gaspillage de l'eau et à améliorer sa production dans le cadre d'une approche responsable qui n'est pas gaspilleuse mais plutôt raisonnable et éthique. D’ailleurs dans un entretien avec un des dirigeants du projet, celui-ci affirmé la volonté du collectif à ne pas agrandir sa production dans un soucis de ne pas perdre leurs valeurs de production alimentaire locale, bio et responsable.

Responsabilité écologique et respect des limites biophysiques

La troisième école de pensée de la décroissance, axée sur les questions environnementales, trouve un écho dans les deux études de cas. Le dévouement du Biau Jardin aux pratiques agricoles durables et à la conservation de l'eau témoigne de son engagement en faveur de la durabilité écologique. OUNI avec son offre des produits strictement biologique, en vrac et la plupart locale en combinaison avec l’idée des séances d’information a souligné et transmis l'urgence de la responsabilité écologique dans la communauté. Ses initiatives remettent non seulement en question le modèle économique dominant, mais offrent également des solutions pratiques aux défis environnementaux pressants de notre époque. Cette approche est conforme au concept de « décroissance durable », tel qu'articulé par Schneider, Kallis, et Martinez-Alier (2010), qui préconise une réduction de la consommation et de la production dans le respect des limites écologiques. En s'appuyant sur le concept d'économie écologique de Daly (1996), les pratiques du Biau Jardin et d’OUNI peuvent être examinées à travers les principes d'échelle, de distribution et d'allocation efficace (Goodland & Daly, 1996). Ces principes préconisent le maintien des activités économiques dans les limites écologiques, la répartition équitable des ressources et l'optimisation de l'utilisation des ressources – monétaires et non-monétaires – pour le plus grand bien de tous. Les méthodes d'agriculture durable du Biau Jardin sont conformes au principe d'échelle, car elles respectent la capacité de charge de l'écosystème local et évitent la surexploitation des ressources naturelles.

Recherche de sens, de bonheur et de biens relationnels

La quatrième école de la décroissance, centrée sur la recherche du sens et du bonheur, s'incarne dans l'éthique des deux initiatives communautaires. Les initiatives d’OUNI et du Biau Jardin peuvent être considérées comme des contre-feux aux impacts psychologiques et sociaux d'une société axée sur le matérialisme. En donnant la priorité aux biens relationnels et au bien-être de la communauté plutôt qu'à la richesse matérielle, ces initiatives contribuent au bien-être psychologique de leurs membres. Ce passage du matérialisme aux valeurs relationnelles et aux liens avec la communauté est essentiel pour favoriser un sentiment d'appartenance, d'utilité et de bonheur chez les individus, ce qui est au cœur de la théorie de la décroissance.

En outre, le concept de « convivialité », tel qu'il est formulé par Illich (1973), est très pertinent pour comprendre comment ces initiatives favorisent une culture de la coopération et de l'entraide. Dans ce contexte, la convivialité fait référence à la création de conditions sociétales où les individus peuvent interagir harmonieusement et s'engager ensemble dans des activités significatives. OUNI et Le Biau Jardin illustrent cet aspect en mettant l'accent sur l'engagement communautaire, la prise de décision participative et l'action collective. Par exemple, Le Biau Jardin, à travers ses repas solidaires ou ses ateliers pour les personnes en réinsertion socioprofessionnelle, montre qu'il met l'accent sur les relations humaines, le bonheur entre les membres de la communauté, quelle que soit l'importance des contributions et/ou des ambitions de chacun. Ces pratiques renforcent non seulement la cohésion sociale, mais contribuent également à la création d'un environnement communautaire favorable et stimulant, qui est essentiel à la poursuite du bonheur et du bien-être dans une société de décroissance.

Pour mieux résumer comment les pratiques des études de cas s’orientent dans une logique décroissante, nous proposons le tableau ci-dessous qui fait référence aux critères proposés dans la revue littéraire et qui est maintenant enrichi de l’analyse des pratiques des deux projets : 

Critères Exemple des études de cas
Équité sociale Capacité à réduire les inégalités, redistribuer les ressources, offrir un accès équitable aux services et soutenir les groupes marginalisés Le Biau Jardin : Réinsertion socio-professionnelle, ajustement salarial équitable (1.7 points) OUNI : Redistribution équitable des produits bio
Résilience écologique Capacité à maintenir et renforcer la résilience des écosystèmes locaux, gestion durable des ressources naturelles et minimisation de l'impact environnemental Le Biau Jardin : Pratiques agricoles durables, OUNI : Offre de produits biologiques locaux
Autonomie locale Favoriser des systèmes de production locaux et décentralisés, renforcer l'autonomie économique des communautés Le Biau Jardin : Systèmes de distribution locaux, OUNI : Offre de produits en circuits courts
Réduction de la consommation Promouvoir une consommation responsable, minimiser les déchets, encourager les comportements de consommation durables Le Biau Jardin : Utilisation raisonnée des ressources, OUNI : Vente en vrac pour réduire les emballages
Participation Communautaire Degré de participation communautaire et de gouvernance démocratique, engagement des communautés dans les processus décisionnels et les activités quotidiennes Le Biau Jardin : Ateliers communautaires et gouvernance horizontale, OUNI : Séances d'information et de décision participative

Ce qu’il faut retenir dans tout ça

Cet article a exploré les démarches innovantes de deux organisations en France et au Luxembourg, incarnant les principes de la décroissance dans leurs opérations. Le Biau Jardin et OUNI illustrent comment les structures d'entreprise, les modèles de financement, la gouvernance, et les pratiques quotidiennes peuvent être redéfinis pour refléter une forte adhésion aux valeurs communautaires et solidaires, remettant en question les paradigmes conventionnels. Ces cas mettent en avant la capacité des initiatives à naviguer au sein du système économique dominant tout en adhérant à des principes alternatifs, soulignant les défis mais aussi le potentiel de telles approches.

De plus, il est crucial de souligner que, bien que ces études de cas s'inscrivent dans une démarche de transition vers des systèmes socioéconomiques locaux axés sur la solidarité, la justice et l'équité, elles offrent également des avenues pour une transformation socioéconomique profonde pouvant concrétiser les idéaux de la décroissance. En géographie économique, développement territorial, et disciplines connexes, les concepts de "transition" et "transformation" sont fréquemment employés pour décrire le changement territorial. Bien que ces termes partagent la racine latine "trans," signifiant "mouvement," ils possèdent des significations distinctes : la "transition" désigne le passage d'un état à un autre avec un but spécifique, tandis que la "transformation" implique un changement plus profond et moins prédéfini, souvent résultant d'une série de transitions (Schmid, 2021 ; Hölscher et al., 2018 ; Padoan, 2016).

Par exemple, la transition vers des pratiques agricoles durables, comme celles adoptées par Le Biau Jardin avec ses chaînes d'approvisionnement courtes et ses paniers alimentaires, peut induire une transformation du système alimentaire communautaire. Ces pratiques favorisent la diversité écologique et la sécurité alimentaire tout en assurant la justice socio-économique, illustrant comment les transitions clairement définies peuvent engendrer des innovations créatives et de nouvelles manières de penser et d'agir, propres à la transformation (Courtemanche et al., 2022).

Notre étude démontre que, bien que ces initiatives restent centrées sur le développement durable, leurs pratiques incarnent un potentiel transformateur en adéquation avec les valeurs de la décroissance. Si ces valeurs sont maintenues sur le long terme et à une échelle plus large, elles pourraient réaliser les idéaux avancés par les théoriciens de la décroissance. Cette exploration souligne l'importance d'intégrer des principes de décroissance dans les stratégies de développement durable pour non seulement répondre aux besoins immédiats mais aussi instaurer un changement systémique profond et durable.

Conclusion

Cette étude a révélé comment des organisations engagées dans l'économie sociale et solidaire (ESS), telles que Le Biau Jardin et OUNI, intègrent des principes fondamentaux de la décroissance—comme la décolonisation des imaginaires, la critique de la société technicienne, l'accent sur la communauté, et la responsabilité écologique—dans leurs opérations et stratégies. En effet, ces organisations, bien qu’initialement conçues pour répondre à des besoins territoriaux spécifiques dans une logique de développement durable, contribuent aussi, directement ou indirectement, et parfois de manière implicite, à la matérialisation des idéaux du mouvement de la décroissance.

Bien qu'OUNI n'ait pas perduré, les enseignements tirés de ces expériences offrent des perspectives précieuses sur les modalités d'existence d'entreprises alternatives au sein de l'économie actuelle.

En présentant ces initiatives, cet article contribue au débat sur la décroissance en fournissant des exemples tangibles de sa mise en application. Il invite également à une réflexion plus large sur notre rôle, en tant que communauté académique et, acteurs de l’ESS, à reconnaître et promouvoir des pratiques économiques novatrices qui défient le statu quo, en écho à l'affirmation de Gibson-Graham (2008) que d'autres mondes sont possibles. Ainsi, tout en reconnaissant les limites de ces études de cas à petite échelle, nous appelons à davantage de recherches pour explorer la transition vers des modèles économiques qui embrassent pleinement les valeurs de la décroissance à une plus grande échelle.

1 Chercheur-Associé au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), Gilles Evrard ESSUMAN est un chercheur en géographie économique dont

Elena EMRICK-SCHMITZ est Doctorante dans le projet « AltFin » de l’Université du Luxembourg en collaboration avec LISER. Ayant étudié la finance

2 Initialement crée en 2009 sous l’ancien ministère du travail, de l’emploi et de l’ESS. Voir : https://economie-sociale-solidaire.public.lu/fr/

3 Centre de recherche sur les innovations sociales (https://recherche.umontreal.ca/unite-de-recherche/is/ur13891/)

4 Centre de recherche et de développement en France dont les travaux portent sur les pratiques d'innovation sociale et leur diffusion dans d'autres

5 Selon Cornelius Castoriadis, les imaginaires sociaux sont des ensembles de significations qui façonnent la manière dont une société se perçoit et

6 Selon le Centre des Ressources regionales de la Region Auvergne Rhône Alpes : La terre de Limagne est réputée pour être une des « meilleures terres

7 nyuko est une association à but non lucratif financée par des fonds publics et privés qui aide des entrepreneurs (non restreint à l’ESS) « dans

8 Nom donné aux adhérents du Biau Jardin qui achètent des paniers hebdomadaires mais qui aussi sont parties prenantes dans la gestion du projet (

9 Traduit en pratique par l’obtention de prêts personnels par les membres qui sont remboursés en cartes cadeaux valables dans l’épicerie (au lieu de

10 Pour devenir membre de la coopérative Biau Jardin, il faut remplir un formulaire (appelé bulletin d'inscription de parts sociales) pour acheter

11 Dans ce contexte, l'hybridation fait référence à la mobilisation de différents types de ressources afin de répondre à un besoin. Ici, on peut

12 Territoires zéro chômeur de longue durée a été créée le 7 octobre 2016 pour démontrer qu'il est possible, à l'échelle d'un petit territoire et

13 Selon les statuts du Biau Jardin. Voir : https://www.lebiaujardin.org/sites/default/files/images/documents/statuts_scic_biau_jardin_14.06.2019.pdf

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Notes

1 Chercheur-Associé au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), Gilles Evrard ESSUMAN est un chercheur en géographie économique dont les travaux se centrent sur l’innovation sociale, les économies alternatives, la décroissance et les processus de transformation socio-territoriale.

Elena EMRICK-SCHMITZ est Doctorante dans le projet « AltFin » de l’Université du Luxembourg en collaboration avec LISER. Ayant étudié la finance internationale et le développement durable en Allemagne, en Corée du Sud et au Royaume-Uni, ses recherches se focalisent sur les pratiques alternatives des économies sociales et solidaires au sein des dynamiques régionales de transitions durables en Allemagne & Luxembourg.

2 Initialement crée en 2009 sous l’ancien ministère du travail, de l’emploi et de l’ESS. Voir : https://economie-sociale-solidaire.public.lu/fr/decouvrir/retrospective.html

3 Centre de recherche sur les innovations sociales (https://recherche.umontreal.ca/unite-de-recherche/is/ur13891/)

4 Centre de recherche et de développement en France dont les travaux portent sur les pratiques d'innovation sociale et leur diffusion dans d'autres territoires (https://www.institutgodin.com/ressources/)

5 Selon Cornelius Castoriadis, les imaginaires sociaux sont des ensembles de significations qui façonnent la manière dont une société se perçoit et conçoit son monde. Ces imaginaires ne se réduisent pas à des idées individuelles mais constituent le fondement même des institutions, des lois, et des pratiques sociales (Castoriadis, 1997).

6 Selon le Centre des Ressources regionales de la Region Auvergne Rhône Alpes : La terre de Limagne est réputée pour être une des « meilleures terres agricoles d’Europe », http://www.paysages.auvergne-rhone-alpes.gouv.fr/6-01-grande-limagne-et-plaines-des-varennes-a511.html. Voir aussi l’étude par la chambre d’agriculture du Puy de Dôme qui détails les résultats de l’analyse des sols de la région AURA : https://aura.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Auvergne-Rhone-Alpes/63_Atlas_des_sols63_2020.pdf

7 nyuko est une association à but non lucratif financée par des fonds publics et privés qui aide des entrepreneurs (non restreint à l’ESS) « dans leur quotidien en leur proposant des solutions concrètes, innovantes et flexibles sur les quatre piliers décisifs que sont l'apprentissage, l'inspiration, les outils, et l'entourage » (nyuko, 2024)

8 Nom donné aux adhérents du Biau Jardin qui achètent des paniers hebdomadaires mais qui aussi sont parties prenantes dans la gestion du projet (prise de décision, tenue de stands, organisation de divers évènements locaux)

9 Traduit en pratique par l’obtention de prêts personnels par les membres qui sont remboursés en cartes cadeaux valables dans l’épicerie (au lieu de repayer en intérêts financiers)

10 Pour devenir membre de la coopérative Biau Jardin, il faut remplir un formulaire (appelé bulletin d'inscription de parts sociales) pour acheter des parts sociales de la coopérative et devenir ainsi actionnaire. Ce formulaire est disponible en ligne ou au bureau du Biau Jardin pour toute personne souhaitant souscrire

11 Dans ce contexte, l'hybridation fait référence à la mobilisation de différents types de ressources afin de répondre à un besoin. Ici, on peut parler de différentes formes de capital social ainsi que financier afin de répondre à des besoins (Alcolea-Bureth, 2004 ; Besançon, 2014)

12 Territoires zéro chômeur de longue durée a été créée le 7 octobre 2016 pour démontrer qu'il est possible, à l'échelle d'un petit territoire et sans surcoût significatif pour la collectivité, de proposer à toutes les personnes éloignées de l'emploi depuis longtemps un emploi pérenne sur la base du volontariat, en développant des activités utiles pour répondre aux besoins locaux. Voir https://www.tzcld.fr/decouvrir-le-projet/lassociation/

13 Selon les statuts du Biau Jardin. Voir : https://www.lebiaujardin.org/sites/default/files/images/documents/statuts_scic_biau_jardin_14.06.2019.pdf

Citer cet article

Référence électronique

Gilles Evrard ESSUMAN et Elena EMRICK-SCHMITZ, « L’économie sociale et solidaire et pratiques décroissantes : étude de deux initiatives communautaires en France et au Luxembourg », Mondes en décroissance [En ligne], 3 | 2024, mis en ligne le 10 octobre 2024, consulté le 21 novembre 2024. URL : http://revues-msh.uca.fr/revue-opcd/index.php?id=479

Auteurs

Gilles Evrard ESSUMAN

Elena EMRICK-SCHMITZ

Doctorant-Chercheur en économie géographique à l’Université du Luxembourg

Doctorante-Chercheuse en économie géographique à l’Université du Luxembourg

Droits d'auteur

Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)