Sur le tronc des cocotiers et manguiers,
Sous le géant des géants baobabs d’Afrique,
Sous les bruits nocturnes, nos bruits noirs,
À l’appel du tam-tam mon corps musical.
Je chante !
Je chante, migrants, cœurs froids et doux,
Pour un raisin de paix éternelle.
Je chante avec mon tabalas bleu,
Un cola blanc dans le vallon de ma gorge,
Avec un coq livide sans taches d’encre,
Je chante dans la nuit solitaire
Comme un orphelin désolé !
Je chante l’exilé, exilé qui songe à un asile sûr,
Ô l’hiver sous les toits de Paris
Où dormaient mes ancêtres tirailleurs sénégalais
Aux grains de peau zélée non classique !
Hommes expatriés ! Hommes qui marchent
De souffrance en souffrance, de chagrin en chagrin,
De désert en désert, hommes !
Hommes qui marchent du matin au soir,
Je vous chante pour un grain d’espoir, de vie,
Et de paix !
Migrants de tout voyage ! Migrants de tout lieu !
De toute béatitude ! De tout être !
Dans toutes les langues de la terre,
J’invoque le cœur des Hommes.
Qu’il pardonne ces mains amères
Et brutales qui vous ont bastonnés !
Qu’il fasse triompher l’amour plus fort que jamais !
Oh ! frères et sœurs migrants,
Sur le tronc des cocotiers et manguiers,
Sous le géant des géants baobabs d’Afrique
Sous les bruits nocturnes, nos bruits noirs,
À l’appel du tam-tam mon corps musical.
Je chante !
Je chante, migrants, cœurs froids et doux,
Pour un raisin de paix éternelle,
Je chante !
Je vous chante, exilés !
Ô migrants ! Frères et sœurs migrants !
Si je ne vous chante
Qui donc vous chantera ?
Vannes, le 20 février 20191
