Poésie-refuge, poésie-monde. Représentations poétiques contemporaines des migrations vers la France et les occidents

DOI : 10.52497/sociopoetiques.2506

Résumés

Les représentations des migrations dans la poésie contemporaine insistent sur le motif du déplacement et sur ses conséquences, le plus souvent inhumaines. Néanmoins, à travers les diverses fonctions qu’elle assume, cette poésie peut aussi conduire à une émancipation des sujets lyriques remettant en cause l’identité migrante. Ces redéfinitions croisent en outre des interrogations sur la place même des migrations dans les sociétés contemporaines et leurs retentissements sur la saisie du monde contemporain. L’article propose une lecture de la poésie contemporaine comme espace de tension entre dénonciation et réinvention, où les voix migrantes ne se limitent pas à la plainte mais participent à une reconfiguration du langage poétique. En articulant expérience individuelle et portée collective, cette poésie interroge les imaginaires de la mobilité et les formes de subjectivation qu’elle rend possibles.

Representations of migration in contemporary poetry emphasize the motive of displacement and its consequences, most often inhuman. Nevertheless, through the various functions it assumes, this poetry can also lead to the emancipation of lyrical subjects, questioning the migrant identity. These redefinitions also intersect questions about the very place of migration in contemporary societies and its repercussions on the understanding of the contemporary world. The article proposes a reading of contemporary poetry as a space of tension between denunciation and reinvention, where migrant voices are not limited to complaint but contribute to a reconfiguration of poetic language. By articulating individual experience and collective scope, this poetry interrogates the imaginaries of mobility and the forms of subjectivation it makes possible.

Index

Mots-clés

réfugié·e·s, poésie-refuge, identités plurielles, poésie des migrations, mondialité, Chamoiseau (Patrick), Cosnay (Marie), Didi-Huberman (Georges), El Amraoui (Mohammed), Falmarès, Favre (Claude), Gaudé (Laurent), Giannari (Niki), Glissant (Édouard), Haliem (Youssif), Ngatcheu (Stephen), Siméon (Jean-Pierre), Yassin (Hassan), Réfugier

Keywords

refugees, refuge poetry, plural identities, poetry of migration, globality, Chamoiseau (Patrick), Cosnay (Marie), Didi-Huberman (Georges), El Amraoui (Mohammed), Falmarès, Favre (Claude), Gaudé (Laurent), Giannari (Niki), Glissant (Édouard), Haliem (Youssif), Ngatcheu (Stephen), Siméon (Jean-Pierre), Yassin (Hassan), Réfugier

Plan

Texte

Si la littérature « migrante1 » est composée de romans, récits, témoignages, d’albums jeunesse, de bandes dessinées, la poésie contemporaine de langue française est elle aussi traversée par la thématique des migrations, en particulier celles qui se font vers la France et, plus largement, « les occidents2 » : avec des textes écrits par des auteur·e·s, parfois très jeunes3, né·e·s à l’étranger, qui franchissent des frontières et « qui viennent4 » en France ou en Europe, ainsi qu’à la littérature ; ou par des poètes qui ont une expérience indirecte ou un vécu secondaire de la migration et de l’exil – par leurs origines familiales, leurs lieux de naissance ou de vie, du fait d’un engagement militant, à travers des témoignages recueillis sur des lieux de refuge…

Les écritures de ces poètes diffèrent bien sûr – lyriques, révoltées, plus minimalistes –, mais insistent toutes sur le motif qui est au cœur de la définition de la migration, celui du déplacement, et sur ses conséquences. Par-delà les représentations induites, certain·e·s de ces poètes, en remettant en cause les termes qui définissent leur sujet lyrique ou leurs personnages – ceux de migrant·e ou de réfugié·e notamment – proposent de nouvelles acceptions poétiques de la migration. Dans ces redéfinitions, ce sont les fonctions mêmes de la poésie qui sont interrogées, voire les contours d’une littérature qui questionne les frontières, tout autant que la place même des migrations dans les sociétés contemporaines et leurs retentissements sur la définition du monde contemporain.

Déplacement et annihilation

La migration est d’abord un départ : le sujet lyrique est représenté chez Falmarès comme « exilé des terres initiales5 », « Partant sans oubli sans chemin ni retour6 » : de « l’humain qui va au vent7 » pour Patrick Chamoiseau. Le déplacement, « Jour marchant jour après jour8 », relève, selon Georges Didi-Huberman, de « la plus élémentaire des libertés, celle de se mettre en mouvement pour tourner le dos à la mort9 » ; ou au malheur, qui s’incarne, chez Laurent Gaudé, à travers la métaphore filée de la dévoration :

Nous avancions,
Les yeux plus grands que le monde, 
[…]
Nous étions des milliers,
Avec nos valises ventrues,
Soulagés d’être passés
Hors de portée, pour la première fois depuis des mois,
De la voracité du malheur10.

Pour des raisons variables – violence familiale ou sociétale, répression politique, guerre, misère, désir d’études, choix d’avenir professionnel, rêve d’une vie meilleure… –, le personnage migrant se définit par « [s]a chimère d’aller là-bas11 », qui le met en mouvement pour « marche[r] on ne sait où12 ». Dans la première série de vers de Chez moi, ou presque…, récit de Stephen Ngatcheu ponctué de quelques moments poétiques, les répétitions en rythmes ternaires marquent un mouvement qui devient perpétuel :

Étranger hier, étranger aujourd’hui, étranger demain.
Migrant hier, migrant aujourd’hui, migrant demain.
Je suis le fils du vent, le fils des mers, le fils des océans.
Je traverse des pays, des frontières, l’infini13.

Dans cette vie sans ancrage, où les « gosses » de Claude Favre ont « des yeux comme des horizons […] [et] disent j’habite avec ma valise14 », le déplacement est toujours associé à une perte, en particulier chez Falmarès (avec la privation du « pays du berceau15 », l’« oubli de [s]es fétiches16 », la « césure d’êtres si chers17 »), mais aussi chez Youssif Haliem (« Je suis un enfant sans pays18 ») ou Mohammed El Amraoui :

ce partir qu’on ne veut regretter
et qui pourtant nous harasse
et tout ce qu’on laisse et qui
fourmille encore dans nos plis19

et ne pas savoir où l’on va
étire davantage le récit
de la perte20

Ou encore dans le texte collectif du premier carnet du coffret Réfugier :

Sa femme et ses enfants sont partis
Avant lui
Plus loin que lui
Il n’a pas le droit de rester

Séparés par des lois21

L’arrachement aux attaches et aux proches est aussi altération de soi, marquée dans Migration par le glissement du pronom « nous » à l’indéfini « on » :

Il manque un bout de nous
On l’a laissé derrière22

On marche on se laisse on laisse23

identité rescapée à peine
de frontière à frontière à cahots
à soubresauts24

On se réveille
à soi-même
indéfiniment
étranger25

Et l’exil, cette « carence sans remords26 », est solitude : « Je t’écris sur l’orient de mon isolement27 », dit le poète épistolier de Falmarès, tandis que le sujet lyrique de Hassan Yassin évoque « Ces murs de mon isolement infini28 ». Par sa dimension testimoniale touchant aux effets de ces déplacements contraints, la poésie dit aussi la « Tragédie du voyage29 », notamment les dangers encourus lors de la traversée de l’« âpre Méditerranée30 » : la traversée qui « se verticalise31 », la barque qui « coule sous le poids de ceux qui espèrent / Et sous le poids des noyés qui n’auront que la mer pour patrie32 », mer décrite de manière récurrente par des métaphores destructrices ou tumulaires :

De la mer bleue
Une mare de tempête
Nous a foudroyés33

Et les bateaux quittent vraiment les quais. D’aucuns jamais ne reviennent jamais. Péris. En mer, en désespoir, en vie. Péris pour la fortune. Tranchées cales métamorphoses. Conteneurs sans air, boues des soutes, asphyxiés, au fond noyés, foutus au fond, mourus, muets34.

Ce qu’on n’avait pas prévu, c’est que les mers, faute de passages navigables, se transforment en cercueils. Il n’est pas loin le temps où les enfants poussent à l’envers dans le sein des femmes et les fleurs à l’intérieur du ventre de la terre35.

La Méditerranée est déjà un immense cimetière. […] On meurt, on laisse mourir, on regarde mourir, et on tolère un océan de déchéances imposé à des hommes, des femmes et des enfants, dans lequel on se retrouve à barboter jusqu’au mitan des villes36.

Patrick Chamoiseau redouble l’association métaphorique entre la Méditerranée et le cimetière par celle de la mer des migrations à la ville des pays de (non)-accueil, impliquant un anéantissement double, physique pour les migrant·e·s en mer, moral pour les sociétés urbaines occidentales, l’ambiguïté du « on » répété conduisant à une généralisation de la déchéance, du reste plurielle. L’usage de la même métaphore du cimetière dans son poème « Lampedusa » relie en outre les mort·e·s de Méditerranée et d’Atlantique, les migrations contemporaines et celles passées de l’esclavage, toutes migrations forcées, que le texte rapproche, dans les vers suivants, des « tranchées du profit » et des « meutes et […] sectes d’actionnaires » : dans un côtoiement textuel qui tisse un lien d’effet à cause entre traitement des personnes en migration et logique des sociétés capitalistes :

Toute horreur crée son gouffre

ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l’Atlantique
le plus grand oublié des cimetières du monde
(crânes et boulets relient les îles entre elles 
et les amarrent aux tragédies du continent)

Le gouffre chante contre l’oubli 
en roulis des marées 
en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite
(fascine des siècles dans l’infini de ce présent où tout reste possible)

Celui de l’Atlantique s’est éveillé
clameurs en Méditerranée !

l’absurde des richesses solitaires
les guerres économiques
les tranchées du profit
les meutes et les sectes d’actionnaires
agences-sécurité et agences-frontières
radars et barbelés
et la folie des murs qui damnent ceux qu’ils protègent37

Sont également représentées les étapes terrestres des migrations, à travers plusieurs pays le plus souvent : la section « Le désert38 » de Migration dépeint de manière détaillée les violences subies et les épreuves surmontées, dans une écriture à la fois lyrique et réaliste :

Parfois une odeur de sang-froid
d’un coq égorgé
ou d’entrailles
depuis longtemps à l’air
fendant l’air
nous frappe à la figure
état de décomposition avancée
On essaye d’en ignorer l’odeur
parfois l’abandon se manifeste :
épaves de voitures ensevelies
pièces détachées
chaussettes chaussures et claquettes
usées orphelines mouchoirs
papiers mâchés
bidons crevés
clefs et corps éparpillés
sur monticules et dunes
corbeaux qui croassent
à tue-tête39

Une femme s’agrippe
à la porte
gros sac à l’épaule
Femme seule à voyager
femme morte ou dépouillée
ou violée
ou à prostituer
murmure une voix d’homme40

Les frontières
se pointent
mitraillettes collées aux torses
perquisitions des poches et des
bagages
extorsions
rires avides complices des chauffeurs
chantage tu paies ou tu paies de ta peau
câbles et tuyaux et bâtons
fouettant dos courbés
sur le sable
et gémissements fouettant l’air
Le dos est un désert
Les striures rouges dessinent
dunes et ravines
serpentant virant au noir
Et le destin y est coincé
Profondément41

la mâchoire tendue les dents
serrées comme le faisaient
depuis toujours ceux
avant nous et leur mort
brutalement se redresse devant nous
et la nôtre on le sait
au pied d’une dune
ou en mer
ou dans un camp
un camion frigorifique
à n’importe quelle rue
On l’espère moins cruelle
tout de même
on l’espère tout court
quelquefois42

Bien d’autres poèmes évoquent ces dangers mortels, comme le fait « Voyage infernal43 », qui énumère lui aussi, de manière litanique, « la faim » et « la soif44 », le racisme et « le mépris du quotidien45 », la violence des « gifles46 », des « viols à deux balles47 », des « coups de kalach48 », ainsi que tous les « ravisseurs », « djihadistes », « terroristes noirs », « passeurs », « forces spéciales49 », qui s’accompagnent de la douleur physique et psychique :

Nous qui avons résisté aux martinets dans nos geôles
Et assez dégusté leurs horribles douleurs
Nous qui avons perdu nos âmes
Et nos corps médusés dans des contorsions50

Du fait de cette empreinte dans les corps et la mémoire, la violence ne cesse pas après le trajet migratoire : « Chaque jour de cette traversée est part inscrite en moi-même51. » Ceux qui « sont les restes de guerres qui les dépassent / Les vestiges d’une patrie qui a chassé ses fils52 » continuent à revivre, depuis la terre d’exil et par l’écriture même, les violences subies, comme en témoigne par exemple le passage de l’imparfait au présent chez Hassan Yassin :

[…] Les seins de la femme restaient secs
– Les cris du nourrisson nous perçaient le tympan.
Les sanglots des femmes me font mal
Violées aux frontières et dans les prisons
La barbarie les fait accoucher d’un mioche

Et leurs entrailles souillées, changées en dépotoir, elles mentent ?
Ils mentent, leurs vagins déchirés53 ?

Chez Falmarès, c’est, dans le présent, le glissement de l’explicitation du souvenir (avec le verbe « revenir à ») à une vision en forme d’hypotypose (« je vois venir vers moi… ») qui réactive le traumatisme passé et la réaction au danger mortel (« je cours, je cours ») :

Aller vers les côtes du golfe
Revient à vivre les souvenirs
De cette aventure sombre et affreuse

Je vois venir vers moi
Des hommes armés
De fusils de couteaux

De coupe-coupe…
À la vitesse de la lumière
Encore me vient à l’esprit, mon ami

Ces souvenirs,
Ô souvenir
C’est le moment de courir,

Je cours, je cours, je vais, je plonge54

L’évocation des horreurs subies passe aussi par le champ lexical de la vue, par exemple dans « De l’autobiographie » de Falmarès55 ou chez Stephen Ngatcheu : « Mes yeux ont vu ce qui dépasse mon âge. / Et mon âme a subi ce qui dépasse mon être56. » Cela non seulement provoque la reviviscence de souvenirs impossibles à oublier, mais permet d’exposer ces choses vues à de nouveaux regards, ceux des lecteurs et lectrices.

En outre, la violence se poursuit après le « voyage de la mort57 » dans le quotidien même de l’exil, du fait de la dureté des conditions de vie, marquées par le froid, la précarité, l’absence de refuge, l’intimité exposée, voire l’insécurité :

Sous cet hiver placide de l’Europe,
Il neige dans ma tête froide
Comme neige mon être58.

La toile luisante,
sous le soleil,
protège de la chaleur
le jeune homme
que la toile laisse voir.
Affalé sur son flanc
il respire calmement.
Il profite du jour
la nuit,
fut,
sera,
froide59.

Au cœur de l’expérience de l’exil, la réalité, qu’elle soit décrite métaphoriquement ou factuellement, s’oppose ainsi au « rêve d’humanité60 » qui a poussé à « travers[er] toutes les frontières61 » :

On atteint le lieu du rêve
pas le rêve62

Ami, dans ce voyage,
              C’est le rêve d’un monde
              imaginaire qui tue63.

L’inhospitalité sur laquelle débouche le trajet migratoire opère avant tout sur le plan légal :

[…] Quatre policiers […] m’ont soulevé
Pour me poser en enfer
Et m’enfermer dans une cage
Ensuite ils m’interrogèrent
Voulez-vous déposer une demande d’asile humanitaire ?
Est-ce que ce qui a commencé d’une façon inhumaine peut finir par devenir humain64 ?

Ils sont éclaboussés !...
... de commissariats en centres de rétention, de centres de rétention en colis pour nulle part, sans recours, sans témoins, sans avocats, souvent sans interprètes, sans viatique autre que l’obstination d’une peur qui ne renonce pas, qui ne renonce à rien65 !...

y a une
partie du monde qui
nous traque
par arme ou barbelés
ou caméra ou
notions juridiques66

Cette « traque » entraîne la poursuite du mouvement, sous la forme récurrente d’une errance infinie, marquée par exemple, dans « Ode à mes frères migrants67 », par la répétition du verbe « marcher » et des structures prépositionnelles ou, dans d’autres poèmes, par la dilation d’un temps vidé de contenu :

Les tentes et
l’errance, dans
les jardins du Doyen, où
la police
ne peut entrer68.

Lassitude des jours qui passent sans travail.
Lassitude d’un corps qui se fatigue toujours plus à ne rien faire69.

Cette temporalité incertaine et ce mouvement incessant sont en fait la seule permanence au sein de l’errance, où la précarité n’est pas seulement matérielle, mais temporelle et existentielle tout autant, puisque toute projection stable dans l’avenir devient impossible :

Aujourd’hui est assuré
Demain
On y pense
On évite d’y penser
On le redoute
On y croit
Chaque jour est un voyage
On n’est pas encore sur les chemins de demain70

Ce mouvement atemporel conduit aussi à une illégalité socialement construite, ainsi que le rappelle Georges Didi-Huberman, dans la lignée d’Hannah Arendt71. L’inhospitalité (légale), en lieu et place de l’hospitalité traditionnellement fondatrice (d’ordre moral72), se double en outre d’une hostilité (sociale) : le migrant se décrit comme objet de rejet73, se définit comme « charogne74 » ou « détritus75 » et se vit comme une « malédiction76 ». Le rejet dont il est victime lui fait perdre son humanité77, comme à ses « frères », « venus des fleuves de sang africain pour sombrer plus bas que terre78 », « échoués en marge de toutes les marges79 ». Il aboutit à une néantisation et à l’expression récurrente d’un anéantissement :

N’ayez pas pitié de moi
Donnez-moi un sac noir
Pour que j’y rassemble ma désolation
Ma défaite et mon anéantissement
Pour pouvoir le mâcher et l’avaler80

Et avec un poing de fer, tu massacres mes rêves
Tu les anéantis puis tu les pétris de nouveau à ta façon
[…]
Je suis devenu Rien. Sans adresse ni preuves
Ni un humain, ni temporalité
Je suis devenu apatride
Je suis une barque dans une mer de blessures, une barque qui ne possède aucune ancre81

Face à cette inhospitalité multiforme, qui opère sur le plan institutionnel comme sur le plan humain, Youssif Haliem en vient, dans son adresse à une « Marianne82 » simultanément « bien-aimée83 » et allégorie, à l’interpeler à la fois à propos de son « air furieux84 », lorsqu’elle dit à l’« enfant sans pays85 » « je ne veux pas de toi maintenant86 », et sur son incapacité à assumer les valeurs républicaines et les idéaux démocratiques qu’elle symbolise :

Cesse d’ânonner des slogans appris par cœur
Des slogans dont nous sommes dégoûtés et dont nous nous ne voulons plus
Cesse de démolir les valeurs que nous avons construites patiemment87

Chez tous·tes ces poètes, qui font « de leur vécu et de leur révolte un matériau poétique88 » ou qui écrivent à partir d’expériences intolérables, la poésie est donc investie de fonctions diverses. Parallèlement à son usage mémoriel, visant à ce « que les engloutis ne soient pas oubliés89 », elle a vocation testimoniale : montrer, aux incrédules ou aux ignorant·e·s, des réalités méconnues et inconcevables, pour une part de manière réaliste, d’autre part à travers une fonction subjective essentielle. Il s’agit en effet de partager une expérience, dans une écriture de la vérité individuelle, de la sensibilité intime, qui se démarque du type de parole qu’exigent les récits formatés habituellement attendus des migrant·e·s pour leurs demandes d’asile ou l’obtention des papiers90.

Le témoignage subjectif possède en outre une mission didactique : faire comprendre, en partageant des expériences, par la co-expérimentation qu’est le poétique, afin de transformer les représentations. Cette visée didactique passe elle aussi par le biais de la sensibilité qui caractérise ces types de poésie : « Tout poème se donn[ant] pour fonction de rendre sensible, donc perceptible, ce que l’évidence obnubile91 », « la littérature est revendiquée […] dans son pouvoir d’interpellation du lecteur92 », pour parfois réussir à « susciter une vague d’intelligence sensible : le ressenti qu’un inacceptable se déroulait par nous, avec nous, en notre nom à tous93 ».

Ces différents aspects de la poésie des migrations convergent vers une fonction critique et politique : il s’agit de dénoncer (des faits humainement intolérables voire légalement inacceptables) afin d’éventuellement rectifier (des représentations, des politiques migratoires) et repenser (des modalités d’accueil). La métaphore maritime relie alors les épreuves des différentes étapes de la migration, celles du pays d’origine, de la traversée et de l’exil, dans le but de dénoncer les conséquences de ces tragédies de la traversée non seulement pour les migrant·e·s qui périssent en mer, mais également sur les sociétés de non-accueil :

Ho ! que les morts massives en Méditerranée nous dessillent le regard ! Qu’elles nous permettent de distinguer les petites morts du quotidien, le désastre disséminé dans l’écume de nos jours, l’innommée catastrophe dont l’ombre en chiquetaille pèse à fond parmi nous de tout son impossible94 !...

En réaction aux traumatismes évoqués, et en alternative parfois à l’écriture de la révolte, la poésie assume enfin chez certain·e·s auteur·e·s une fonction réparatrice : face au délitement et à l’étirement du temps de la migration et de l’exil, face au « spectacle de ceux que momifie l’illusion d’un havre », « proies du désœuvrement95 », écrire permet « de raccourcir le temps96 ». Le poème est « un moyen de survie97 » et, après la « mort dans le désert du Sahara […], une seconde chance98 » est offerte.

Émancipations et redéfinitions

En effet l’assignation à la condition de migrant·e peut certes être annihilante, dans « La malédiction » notamment :

Laissez-moi quitter votre monde d’artifices
Où je n’existe pas
Je suis un anonyme sans identité, sans papiers99

Il n’y a pas pire mot que réfugié à jeter à la figure d’un homme100

Je suis un migrant qui a survécu à la fermentation de la chair en Méditerranée
Pour finir de fermenter dans les rues de Paris
Ces rues qu’on nettoie au petit matin… moi pas101 !

je suis un réfugié qui pue102

L’annihilation passe par les négations grammaticales (les adverbes « ne pas », la répétition de « sans ») et l’existence même est niée (« je n’existe pas »), car le « réfugié »/« migrant » est réduit à cette classification. Le double sens du verbe être transforme sa valeur d’affirmation identitaire (« je suis un… », au sens d’un statut possédé) en intimation (l’identité se réduit à celle de « migrant »), qui contredit finalement la signification existentielle (la possibilité d’un « je suis » au sens de « j’existe »), et qui transforme l’être en non-être (qui « n’existe pas » par conséquent), à travers de plus l’image de la fermentation mortifère, qui nie en définitive la signification vitale du verbe être.

Mais ailleurs, chez Youssif Haliem par exemple, l’assignation à l’identité migrante est dénoncée :

Tu me nommes d’un mot
[…]
J’ai décidé donc
D’effacer mon acte de naissance
D’effacer mon nom et de jeter mes papiers103

Chez Falmarès, l’émancipation est marquée notamment par une évolution du je : de sa définition par ses « frères migrants104 », dans les premiers recueils, à la négation revendicatrice « Je ne suis pas Migrant105 » qui, avec sa majuscule au substantif, ouvre son dernier recueil. La poésie dépasse alors les violences inscrites dans ses représentations pour mettre en œuvre une sortie des impasses de l’exil, elle se fait recours face à l’anéantissement du sujet. Au cœur des « longues années d’exil106 », elle est « centre de gravité107 ». La voie est ainsi ouverte à une parole singulière, au double sens du terme, et, face aux représentations sociales généralisantes, invisibilisantes et déshumanisantes, à une singularisation par l’écriture.

La poésie se fait alors refuge108, lieu de (re)prise de parole ou de subjectivation, mais aussi espace où se recrée une nouvelle vie, dans et par l’écriture. Parce qu’elle est elle‑même en exil – qu’elle est toujours sortie du monde, qu’elle parle d’un ailleurs de la langue –, la poésie redevient matrice, lieu natif. Ainsi, pour Falmarès, « Tout poème est exil / Tout poète est un exilé109 » et, chez Stephen Ngatcheu, le migrant, écrivant, devient poète, mais également poème lui-même, réfugié en poésie110, réancré dans un parcours individuel et humain, par-delà l’épreuve de la migration :

Mon corps est submergé ; ma tête haute pour me sortir de l’enfer.
Aujourd’hui, je suis le poème que vous avez écrit et l’ouvrage que vous avez commencé111.

Le traitement du motif du visage témoigne également de cette fonction émancipatrice de la poésie-refuge : l’abandon du visage définit le point de départ de la migration :

Partir
Laisser derrière soi
Son village son nom son visage112

L’exil anonymise ainsi le « soi » en « foules errantes113 ». Mais de nombreux poèmes évoquent « l’espoir qu’un jour / Un regard nous rende un visage114 » – car « il faut que quelqu’un vous regarde pour avoir un visage115 ». Et redonner visage à un individu, c’est aussi faire acte pour tous les visages humains, car l’un se définit à travers le visage de l’autre : « Regarde-toi dans les reflets de mon visage116 » enjoint le sujet lyrique à Marianne dans le poème de Youssif Haliem ; tandis que celui de Jean-Pierre Siméon pose une question rhétorique qui dit cette même interdépendance humaine : « Qui n’éprouve pas sur son visage même / La honte de celui sur qui l’on a craché117 ». La « Déclaration des poètes », dans son article 10, fait, en conséquence, de tout·e réfugié·e, spécifiquement à travers son visage, une incarnation de l’humanité dans son ensemble :

Les poètes déclarent qu’aucun réfugié, chercheur d’asile, migrant sous une nécessité, éjecté volontaire, aucun déplacé poétique, ne saurait apparaître dans un lieu de ce monde sans qu’il n’ait non pas un visage mais tous les visages, non pas un cœur mais tous les cœurs, non pas une âme mais toutes les âmes. Qu’il relève dès lors de l’Histoire profonde de toutes nos histoires, qu’il incarne dès lors l’histoire de nos histoires, et devient, par ce fait même, un symbole absolu de l’humaine dignité118.

L’écriture poétique, à la fois individualisation et universalisation, réinscrit donc le « chercheur d’asile » dans son humanité (son « visage », son « cœur », son « âme ») et dans l’humanité tout entière. L’individu « migrant », objet d’une poésie testimoniale et tout à la fois sujet d’une écriture poétique émancipatrice, se recrée : par ses capacités singulières et par la dimension créatrice de la poésie, qui le réintègre dans sa subjectivité ainsi que dans son pouvoir de réflexion et d’action119, aussi fragile soit-il. Le refuge de la poésie n’est que de l’ordre du symbolique, du sensible et du subjectif, mais il peut permettre à l’humain, à travers la métonymie du visage, d’être également rétabli dans le cheminement d’une existence, partagé : « Les visages racontent des histoires120. » Chez Falmarès, cette progression symbolique aboutit à une forme de clôture qui fait que c’est le mouvement même qui permet le retour sur soi :

Un jour il faudra marcher
Marcher bien droit bien longtemps
À travers temps et espace
Pour se souvenir de son enfance au pays natal121.

Le terme « migrant » retrouve dans ces conditions sa valeur simple de participe présent désignant une action (celle du déplacement) dans son déroulement, non une identité imposée. Et peut alors se reconstituer, au sein du mouvement migratoire, une identité, non réduite à la catégorisation de migrant·e, mais multiple, entre l’appartenance au pays natal et la nouvelle vie en exil : Stephen Ngatcheu se définit d’abord, dans l’épigraphe qui programme son récit-témoignage, comme un « fils d’Afrique122 », mais un parallélisme syntaxique signifie ensuite une identité devenue plurielle : « Mes racines sont au Cameroun. / Mon cœur est aujourd’hui ici123. » De même, si Syli ô Guinée de Falmarès se construit, selon le titre du deuxième poème du recueil, comme un long « Hymne à la Guinée124 », maints autres poèmes instituent un sujet lyrique non seulement africain mais pluriel :

Ô Bretagne !
[…] Tes kilos de lumières sur un nègre125

Et voici au fil de ces jours
Ces beaux matins d’été breton
Et je me souviens des savanes d’Afrique126.

Je respire à Paris. Enfin je vis,
Et je t’écris Conakry127.

Et aux vastes soirs de l’hiver
Je serre contre mon cœur un chant griotique
Jusqu’au matin secret de l’exil sans exil128.

La langue poétique même peut devenir multiforme : lorsque Falmarès inclut des éléments de langue soussou dans certains poèmes129, que d’autres sont publiés en version bilingue soussou/français dans Syli ô Guinée, ou que la multiplicité linguistique est célébrée :

Suis-je chez mes chers amis blancs,
À apprendre leur langue.
La langue qu’on ne parlait pas à Koba.
Le jargon que toi, tu n’as pas idée. […]

Ce n’est pas le soussou de Conakry,
Ni le bambara de Bamako.
Cette langue ce n’est pas le dioula d’Abidjan,
Ni même l’ouolof de Dakar,
Cette langue c’est ça que j’appelle amour130.

Ainsi, s’opère dans « Je ne suis pas Migrant » une redéfinition, qui rejette toute assignation réductrice, en déclinant tout ce que le je n’est pas (« pas migrant », « pas exilé », « pas homme de couleur », « Ni réfugié / Ni expatrié / Ni même immigré131 », « pas demandeur d’asile / Ni sans papiers132 »), pour se présenter comme « Un champ hybride en labour133 ». L’expérience de l’individu en migration, d’un entre-mondes, conduit alors à une définition de l’exil comme « rencontre de deux mondes, […] rencontre des cultures134 ».

Parallèlement à sa fonction dénonciatrice, la poésie s’attribue ainsi une mission fondatrice : face à l’exclusion des réfugié·e·s-charognes de Hassan Yassin, décrite à travers des prépositions marquant la confrontation135 ou l’infériorité136, la poésie peut instituer une langue qui est « chant partagé d’une même planète137 » et appelle à un « autre possible ouvert du meilleur de nous138 ». S’y construit une expérience exilique qui n’est plus défaut d’appartenance (au bon pays, avec les bons papiers), mais expérimentation d’appartenances plurielles : l’assertion « Je suis un enfant de tous les pays139 » lie, dès le premier poème de Catalogue d’un exilé, l’affirmation existentielle du « je suis » à une identité relationnelle (par la préposition « de ») et universelle (par le pluriel du complément du nom).

Face à des constructions idéologiques qui font s’affronter des identités édifiées comme conflictuelles, d’autres imaginaires se constituent poétiquement autour d’appartenances plurielles140. Le poète peut alors se définir comme « un être de tout-pays141 », en écho au « tout-monde142 » d’Édouard Glissant qui vise à fonder une « identité-relation », matérialisée par l’usage des traits d’union. Cette « identité-relation » s’inscrit également dans une « mondialité », définie par Édouard Glissant comme la « face humaine » de la mondialisation, supposant non pas des identités exclusives et rivales, mais un « état de mise en présence des cultures vécu dans le respect du Divers143 ». Patrick Chamoiseau définit quant à lui de manière lyrique le concept de son ami Édouard Glissant :

La mondialité, c’est tout l’humain envahi par la divination de sa diversité, reliée en étendue et profondeur à travers la planète. […] Elle distille l’intuition d’un monde que nous habitons et qui nous habite. […] Un monde dont plus rien ni quiconque n’est le centre ni la périphérie, ni le maître ni l’esclave, ni le colon ni le colonisé, ni l’élu ni l’indigne, où seul règne l’incertain dans lequel nous tombons, et solitaires et solidaires, également désarmés, en sensible extension et jouvence poétique.
La mondialité, c’est surtout ce que la mondialisation économique n’a pas envisagé, qui surgit et se produit sur la gamme d’un brasillement dans un vrac ténébreux. C’est l’inattendu humain – poétiquement humain – qui leur résiste, les outrepasse, et qui refuse de déserter le monde ! […] Dès lors, la mondialité, c’est cette part de notre imaginaire qui dans l’instinct dénoue et ouvre à fond, qui dans l’instinct se relie à d’autres imaginaires, qui rallie qui relaie et relate les sensibilités, la joie, la danse, la musique, l’amitié, la rencontre, et qui surgit des magnétismes de ces rencontres multi‑trans‑culturelles, orchestrées par le hasard, les accidents, la chance et les errances144.

Falmarès évoque du reste, dans « Voyage vers le sud », « la musique du Tout-Monde145 » et impose un sujet lyrique migrant qui non seulement passe les frontières mais les dépasse :

Le monde est mon pays146

Je viens d’un pays de tous les continents147.

Cette vocation universelle est en outre directement liée à la fonction d’« écrire » :

Pour mes frères perdus
Sous les beaux jardins du monde j’écris148

et à une « Poétique du verbe » :

Je suis une bibliothèque publique
Où germe le poème des continents149.

Par cette poésie-monde, Patrick Chamoiseau veut faire place à une « indéfinissable mise en relation avec le tout‑vivant du monde150 ». La question des migrations devient donc centrale dans des sociétés pensées en termes de mondialité151 :

Les migrances font partie de cette mondialité qu’il nous faut mettre en œuvre. Ne pas les organiser, ne pas tout réorganiser avec elles, n’assure aucune protection aux Nations. Bien au contraire. C’est ouvrir la voie aux assèchements éthiques.
On ne démondialise pas l’humain.
On ne saurait l’éjecter de la mondialité !
Avec humilité, bienveillance, éclats poétiques et créativités, on ne peut que lui organiser une aisance planétaire multi-trans-culturelle. Le « trans » désarme les frontières, les réenchante ainsi152.

Ce que montre aussi le poète c’est que cette question n’est en fait pas nouvelle puisque « Homo sapiens est aussi et surtout un Homo migrator » :

Pas une tribu, pas une nation, pas une culture ou civilisation qui n’ait en quelque heure essaimé sous le désir ou la contrainte. Qui n’ait en quelque moment de ses histoires vu une partie d’elle polliniser le monde. Ou qui n’ait accueilli ou n’ait été forcée de recevoir ce qui provenait d’un bout quelconque du monde, puisant au monde autant que se donnant au monde, s’érigeant en source en asile et refuge, ou réclamant et asile et refuge.
Pas une.
Homo sapiens est aussi et surtout un Homo migrator.
Dès lors, l’homme campé sur son seuil qui ne reconnaît pas l’homme qui vient, qui s’en inquiète seulement, qui en a peur sans pouvoir s’enrichir de cette peur, et qui voudrait le faire mourir ou le faire disparaître, est déjà mort à lui‑même. Il a déjà disparu en lui‑même, de sa propre mémoire, de sa propre histoire, et à ses propres yeux. C’est lui‑même qu’il ne reconnaît plus. C’est avec la crainte de lui‑même qu’il se menace. C’est de lui‑même qu’il se protège, et c’est lui‑même qui se condamne à ce naufrage qu’il craint153.

En conséquence, « ce que vivent les migrants relève d’une seule aventure, très ancienne, qui continue encore : notre aventure humaine154 ». C’est aussi l’analyse de Georges Didi-Huberman155 dans son commentaire du poème de Niki Giannari « Des spectres hantent l’Europe (Lettre de Idomeni)156 » : la présence des migrant·e·s fait revenir notre « généalogie157 », notre nature humaine migratrice ; en outre, l’image des migrant·e·s « spectres158 » renvoie159 aux discriminations qu’elles et ils subissent et vient donc nous rappeler les discriminations passées et les horreurs auxquelles elles ont conduit dans l’Histoire – et dans d’autres camps. Cette fonction de revenant·e·s des migrant·e·s nous alerte par conséquent sur les dysfonctionnements d’un système qui n’applique plus les valeurs démocratiques qu’il exhibe ni les lois, nationales, internationales, qu’il est censé garantir160.

La présence de personnes en migration interroge en définitive les fondements d’une société. Didi‑Huberman montre d’un point de vue philosophique et éthique que si les « spectres » de la migration nous « hantent », c’est qu’ils disent une perte de civilisation, celle à laquelle conduisent leur errance et l’inhospitalité qui leur est opposée : selon Arendt, « les “critères moraux” risquent de s’effondrer quand ils ne sont pas effectifs “dans la trame d’une société”161 », car

Tous ces mouvements de migration ont un nom générique : la culture […], au sens anthropologique du terme, à savoir ce qui fait des humains ces êtres capables, non seulement de parler, de travailler et d’inventer des outils, voire des œuvres d’art, mais encore de vivre en société, de se parler, de s’inventer, de s’imaginer les uns les autres. Lorsqu’une société se met à confondre son voisin avec l’ennemi, ou bien l’étranger avec le danger, lorsqu’elle invente des institutions pour mettre en œuvre cette confusion paranoïaque, alors on peut dire, en toute logique historique – et non pas selon un simple point de vue éthique –, qu’elle est en train de perdre sa culture, sa propre capacité de civilisation162.

Laurent Gaudé le dit dans des vers où le « vous » aboutit à un « nous », dont la déchéance est inscrite dans le rejet de l’autre :

Ci-gît la France qui n’a pas le courage de ses valeurs.
[…]
Ci-gît un peu de l’homme d’où qu’il soit,
Car en ces terres le mot « frère » a été oublié.
Et lorsque les pelleteuses auront fait place nette,
Lorsqu’elles auront piétiné ce que vous avez patiemment construit
Elles s’apercevront peut-être,
                Mais trop tard,
Que ce sur quoi elles roulent,
Ce qu’elles tassent,
Et font disparaître,
C’est notre dignité163.

Conclusion

Les représentations poétiques des migrations soulignent par conséquent que, puisque celles-ci sont au fondement de l’humanité, elles ne peuvent être pensées comme extériorité, ni les personnes migrantes reléguées dans une marginalité ou une altérité discriminantes. L’expérience migratoire, depuis les marges où on l’assigne, ne peut se situer qu’au cœur des sociétés contemporaines. Dans une humanité « multi‑trans‑culturelle », la poésie-monde « accompagn[e] l’inévitable jonction de tous ces mondes en nous164 » et inclut dans une histoire où le monde est en mouvement :

Notre Histoire est désormais un roman adolescent
Où chaque page est un rêve debout
Sur les pas voyageurs du monde165.

Ces textes visent donc non seulement à redéfinir la personne migrante et la migration comme entre plutôt qu’autre, mais aussi à établir une « poétique de la relation166 » face aux politiques de l’exclusion : à témoigner des impasses de ces dernières pour préparer mieux qu’aujourd’hui un monde postmigratoire. Face aux expériences de migrations, aux rencontres qu’elles impliquent, le poète « tire [s]on chapeau […] / Pour un monde universel167 ». La poésie offre refuge et permet de repenser des manières de faire société, pour ouvrir

aux poétiques d’un vivre sans conquête et sans domination.
D’un habiter rendu aux grands espaces communs168.

1 Ou littérature « de la migrance », « postmigrante » : voir, dans l’introduction de ce numéro, une investigation de ces diverses qualifications.

2 Marie Cosnay, Nos corps pirogues, Bègles, L’Ire des marges, 2022.

3 Falmarès, par exemple, publie ses premiers recueils poétiques alors qu’il est encore lycéen.

4 Selon le nom de la collection des éditions Dacres « Ces récits qui viennent », qui publie des textes « autour du processus des migrations », en

5 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements (Amours et douleurs), Kergouarec, Les Mandarines, 2018, p. 36.

6 Falmarès, « Sécheresse », Catalogue d’un exilé, Paris, Flammarion, 2023, p. 206.

7 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa. Ce que nous disent les gouffres » [Lyon, Maison des passages, octobre 2013], in Patrick Chamoiseau et Michel Le

8 Falmarès, « Le migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 94.

9 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, Paris, Les éditions de minuit, 2017, p. 64-65.

10 Laurent Gaudé, « Seul le vent », De sang et de lumière, Arles, Actes Sud, 2017.

11 Falmarès, « Bretagne », Soulagements, op. cit., p. 23. C’est moi qui souligne.

12 Mohammed El Amraoui, Migration, Roanne, La rumeur libre Éditions, 2025, p. 15.

13 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, Paris, Dacres Éditions, 2020, p. 14.

14 Claude Favre, Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, Nantes, Éditions LansKine, 2022, p. 41.

15 Falmarès, « Pays d’Afrique », Lettres griotiques, Kergouarec, Les Mandarines, 2021, p. 9.

16 Falmarès, « Aventurier ô mon cher aventurier », Ibid., p. 81.

17 Falmarès, « Hello », Soulagements, op. cit., p. 24.

18 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Blog personnel (https://haliem.me/fr/, mis en ligne le 9 juin 2018 ou https://refugeetrip.wordpress.com/, mis

19 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 17.

20 Ibid., p. 62.

21 Collectif, Témoigner [Chroniques du campement Gergovia], p. 117, in Réfugier, op. cit. Ce premier carnet du coffret Réfugier, intitulé Témoigner

22 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 17.

23 Ibid.

24 Ibid., p. 21.

25 Ibid., p. 29-30.

26 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements, op. cit., p. 36.

27 Falmarès, « Lettre familiale », Soulagements 2 (Tropiques printaniers), Kergouarec, Les Mandarines, 2020, p. 62.

28 Hassan Yassin, « La malédiction », p. 129. Les poèmes de Hassan Yassin ne sont pas écrits directement en français. Mais ils ont été publiés en

29 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 20-21. Ce poème est reproduit en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro, avec l’aimable

30 Falmarès, « Prophète », Soulagements 2, op. cit., p. 69.

31 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 68.

32 Hassan Yassin, « Les menteurs », op. cit., p. 135.

33 Falmarès, « La mer I », Soulagements, op. cit., p. 52.

34 Claude Favre, Ceux qui vont…, op. cit., p. 7.

35 Marie Cosnay, Comment on expulse. Responsabilités en miettes, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2011.

36 Patrick Chamoiseau, « Là où littérature ne peut », Osons la fraternité !, op. cit., p. 11.

37 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa », op. cit., p. 67-68.

38 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 11-53.

39 Ibid., p. 24-25.

40 Ibid., p. 32.

41 Ibid., p. 46.

42 Ibid., p. 50.

43 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 179-180.

44 Ibid., p. 179.

45 Ibid.

46 Ibid.

47 Ibid.

48 Ibid., p. 180.

49 Ibid., p. 179.

50 Hassan Yassin, «  Quartier La Chapelle  », op. cit., p. 133.

51 Hassan Yassin, «  Les menteurs  », op. cit., p. 134.

52 Hassan Yassin, «  Quartier La Chapelle  », op. cit., p. 132.

53 Hassan Yassin, «  Les menteurs  », op. cit., p. 134.

54 Falmarès, « À Nicolas Mahé », Soulagements, op. cit., p. 50.

55 Falmarès, Lettres griotiques, op. cit., p. 67.

56 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, op. cit., p. 14.

57 Youssif Haliem, « Le voyage de la mort », précédé d’une introduction de Catherine Coquio, Po&sie, 2016/3, no 157‑158, 2016 [En ligne] DOI : htt

58 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements, op. cit., p. 36.

59 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 86.

60 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 95.

61 Ibid.

62 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 96.

63 Falmarès, « Le voyage infernal », Catalogue d’un exilé, p. 180.

64 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 94.

65 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Paris, Seuil, 2017, p. 14. Ce texte qui relève de l’essai est écrit dans une prose poétique profondément

66 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 34.

67 Falmarès, Soulagements 2, op. cit., p. 11-12. Ce poème est reproduit en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro avec l’aimable

68 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 42.

69 Laurent Gaudé, « Seul le vent », De sang et de lumière, op. cit.

70 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 119.

71 « Puisqu’un droit élémentaire, passer, leur est refusé [aux réfugié·e·s], puisque le droit d’asile ne leur est pas convenablement accordé, que

72 Voir notamment les analyses de René Schérer (Zeus hospitalier. Éloge de l’hospitalité, Paris, Armand Colin, 1993), de Jacques Derrida (De l’

73 Chez Hassan Yassin spécifiquement : « Je vous inspire la haine de la race humaine » (« La malédiction », Tumultes, op. cit., p. 129) ; « Le moindre

74 « Je suis une charogne qui empuantit votre air / […] Je suis une charogne où demeurent les vers » (Ibid., p. 129).

75 « Je suis un anonyme sans identité, sans papiers / Un tas de détritus face à vos portes » (Ibid., p. 130).

76 Dans « La malédiction », mais aussi dans « Quartier La Chapelle » : « à vos yeux, nous ne sommes que malédiction » (op. cit., p. 133).

77 Chez Youssif Haliem (« Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 96) : « Je ne suis qu’un reste d’humain ».

78 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 131.

79 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 14.

80 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 129.

81 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 93.

82 Ibid., p. 93-96.

83 Ibid., p. 93.

84 Ibid., p. 92.

85 Ibid., p. 96.

86 Ibid., p. 93.

87 Ibid., p. 96.

88 Manon Houtart, « Poèmes de migrants “illégalisés” : dire l’exil autrement », COnTEXTES, 2021 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.

89 Laurent Gaudé, « Khorshak », De sang et de lumière, op. cit. Le texte ajoute : « Leur vie ne sera pas sauvée / Mais qu’elles restent dans nos

90 Récits dont les mises en cause répétées sont évoquées en particulier dans le poème « Les menteurs » de Hassan Yassin (op. cit.).

91 Jean-Pierre Siméon, La poésie sauvera le monde, Paris, Le Passeur, 2015, p. 27.

92 Lila Ibrahim-Lamrous, « Passer “de Charybde en Lampedusa” », Explorer, op. cit., p. 68.

93 Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris, « Là où littérature ne peut », Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants, op. cit., p. 10.

94 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 29.

95 Hassan Yassin, « Quartier La Chapelle », op. cit., p. 132.

96 Falmarès, « Lettre V », Lettres griotiques, op. cit., p. 33.

97 Falmarès, « Prologue », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 27.

98 Comme l’affirme un des exergues de Falmarès à son Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 25.

99 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 130.

100 Ibid., p. 131.

101 Ibid.

102 Ibid.

103 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 93-94.

104 « Ode à mes frères migrants », Soulagements 2, op. cit., p. 11-12. Voir ce poème en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro.

105 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31-32.

106 Falmarès, « Pourquoi ai-je immigré », ibid., p. 256.

107 Ibid., p. 257.

108 Selon la définition de la « littérature-refuge » : voir María de los Ángeles Hernández Gómez, Catherine Milkovitch-Rioux et Nathalie 

109  Falmarès, « De la lecture ! », Lettres griotiques, op. cit., p. 48. Voir aussi l’un des exergues de Falmarès à son Catalogue d’un exilé, op. cit.

110 « Réfugié poétique » selon la formule qui donne son titre à un poème de Catalogue d’un exilé (op. cit., p. 122-135), reprise dans un entretien sur

111 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, op. cit., p. 57.

112 Jean-Pierre Siméon, « L’horizon loin devant », Explorer, op. cit., p. 72.

113 Ibid.

114 Ibid.

115 Jeanne Benameur, L’exil n’a pas d’ombre, Paris, Éditions Bruno Doucey, 2019, p. 10.

116 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 96.

117 Jean-Pierre Siméon, « L’horizon loin devant », op. cit., p. 70.

118 Patrick Chamoiseau, « Déclaration des poètes », Frères migrants, op. cit., p. 134 et Osons la fraternité !, op. cit., p. 293.

119 Voir aussi les approches des sciences humaines à propos de ce pouvoir d’action : notamment Natividad Planas, « L’agency des étrangers. De l’

120 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 67.

121 Falmarès, « Éloge de la marche », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 58.

122 « Oh fils d’Afrique ! Fierté, travail, bravoure font de nous les dignes fils d’Afrique. Quel que soit l’endroit où je me trouverai, tous me

123 Ibid., p. 72.

124 Falmarès, Syli ô Guinée – Livre I, Conakry, Yigui, 2023, p. 14-15.

125 Falmarès, « Bretagne », Soulagements, op. cit., p. 23.

126 Falmarès, « Au fil des jours », Soulagements 2, op. cit., p. 72.

127 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 36.

128 Falmarès, « 9 rue des Halles – IV », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 54.

129 Par exemple les mots « Iya » pour « maman » ou « M’mama » pour « grand-mère » dans Soulagements (op. cit.) ; ou la citation d’extraits de poèmes

130 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 39.

131 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31.

132 Ibid., p. 32.

133 Ibid., p. 31.

134 Ibid., p. 29.

135 Dans « La malédiction » : « face à moi », « face à vos portes », « Vous les passants… devant moi ! » (op. cit., p. 129-131).

136 Dans « Quartier La Chapelle » : « sous vos fenêtres », « sous vos yeux » (op. cit., p. 132-133).

137 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa », op. cit., p. 68.

138 Ibid.

139 Falmarès, « Je ne suis pas Migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31.

140 Amin Maalouf confronte de manière analogue la notion d’identité à celle de la diversité d’appartenances dans son essai Les Identités meurtrières (

141 Falmarès, « Contemplation », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 61.

142 Édouard Glissant, Tout-monde, Paris, Gallimard, 1995. Et Traité du tout-monde, Poétique IV, Paris, Gallimard, 1997.

143 Loïc Céry, « Œuvre > Glossaire > Mondialité », in Édouard Glissant – Une pensée archipélique [En ligne] URL : http://www.edouardglissant.fr/mondia

144 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 52-55.

145 Falmarès, Syli ô Guinée – Livre I, op. cit., p. 121.

146 Falmarès, « Je ne suis pas Migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 32.

147 Falmarès, « Contemplation », ibid., p. 61. De manière proche, Catherine Coquio analyse chez Youssif Haliem l’élaboration d’une « “éthique du

148 Falmarès, « Écrire ! », Lettres griotiques, op. cit., p. 35.

149 Falmarès, « Poétique du verbe », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 45.

150 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 52-55.

151 Les analyses d’Alexis Nouss insistent de même sur la nécessité de reconnaître aux migrations non seulement leur place dans un présent mondialisé

152 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 118.

153 Ibid, p. 43-44.

154 Ibid, p. 118.

155 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit.

156 Ce poème « constitue le commentaire off – lu par la musicienne, poétesse et chanteuse Lena Platonos – du film coréalisé avec Maria Kourkouta, Des

157 Ibid., p. 31.

158 Cette image des « Ombres qui avancent » est du reste présente aussi chez Mohammed El Amraoui (Migration, op. cit., p. 13) et dans son exergue

159 À travers de plus la référence à La Tradition cachée d’Hannah Arendt et à sa thèse de « la notion de “paria” en tant que paradigme moderne de la

160 De manière proche, Natividad Planas (dans « Une archéologie de l’exclusion », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2017/2, no 64, 2017, p. 12

161 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit., p. 38.

162 Ibid., p. 61-62.

163 Laurent Gaudé, « Notre-Dame-des-Jungles », De sang et de lumière, op. cit.

164 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 61.

165 Falmarès, « Le rêve inachevé », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 38.

166 Édouard Glissant, Poétique de la relation : Poétique III, Paris, Gallimard, 1990.

167 Falmarès, « Une nuit en pays étranger », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 231.

168 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 75.

Notes

1 Ou littérature « de la migrance », « postmigrante » : voir, dans l’introduction de ce numéro, une investigation de ces diverses qualifications.

2 Marie Cosnay, Nos corps pirogues, Bègles, L’Ire des marges, 2022.

3 Falmarès, par exemple, publie ses premiers recueils poétiques alors qu’il est encore lycéen.

4 Selon le nom de la collection des éditions Dacres « Ces récits qui viennent », qui publie des textes « autour du processus des migrations », en donnant la parole aux « acteurs et actrices des migrations eux-mêmes ». La formule (même s’il s’agit de récits et de témoignages, non de recueils poétiques) désigne des auteur·e·s que l’on « voit venir » aux frontières (pour reprendre cette fois le titre de Marie Cosnay et Mathieu Potte-Bonneville, Voir venir. Écrire l’hospitalité, Paris, Stock, 2019), mais tend également à signifier que ces auteurs adviennent à la littérature française, que leurs écritures « peuvent apporter quelque chose de nouveau à la littérature et que la littérature peut apporter à ses auteurs une forme d’expression et de partage non conditionnée par les multiples enjeux de la vie en exil ». Voir dans ce dossier Stéphane Bikialo, « Accueillir littérairement. Histoire de la collection “Ces récits qui viennent” ».

5 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements (Amours et douleurs), Kergouarec, Les Mandarines, 2018, p. 36.

6 Falmarès, « Sécheresse », Catalogue d’un exilé, Paris, Flammarion, 2023, p. 206.

7 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa. Ce que nous disent les gouffres » [Lyon, Maison des passages, octobre 2013], in Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris (dir.), Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants, Paris, Philippe Rey, 2018, p. 68.

8 Falmarès, « Le migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 94.

9 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, Paris, Les éditions de minuit, 2017, p. 64-65.

10 Laurent Gaudé, « Seul le vent », De sang et de lumière, Arles, Actes Sud, 2017.

11 Falmarès, « Bretagne », Soulagements, op. cit., p. 23. C’est moi qui souligne.

12 Mohammed El Amraoui, Migration, Roanne, La rumeur libre Éditions, 2025, p. 15.

13 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, Paris, Dacres Éditions, 2020, p. 14.

14 Claude Favre, Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, Nantes, Éditions LansKine, 2022, p. 41.

15 Falmarès, « Pays d’Afrique », Lettres griotiques, Kergouarec, Les Mandarines, 2021, p. 9.

16 Falmarès, « Aventurier ô mon cher aventurier », Ibid., p. 81.

17 Falmarès, « Hello », Soulagements, op. cit., p. 24.

18 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Blog personnel (https://haliem.me/fr/, mis en ligne le 9 juin 2018 ou https://refugeetrip.wordpress.com/, mis en ligne le 22 mai 2018) et Explorer [Carnet de recherches], p. 96, in Evelyne Ducrot, Catherine Milkovitch-Rioux, Nathalie Vincent-Munnia (dir.), Réfugier [Carnets d’un campement urbain], Saint-Avertin, La Boîte à Bulles, 2021. Réfugier restitue les traces d’un campement de personnes en migration installé sur le site « Gergovia » de l’Université Clermont Auvergne en octobre 2017. Ce coffret contient trois carnets. Dans le deuxième, Explorer, des artistes, écrivain·e·s, témoins et chercheur·e·s interrogent l’histoire du campement, des parcours de réfugié·e·s, les conditions de l’exil et du refuge.

19 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 17.

20 Ibid., p. 62.

21 Collectif, Témoigner [Chroniques du campement Gergovia], p. 117, in Réfugier, op. cit. Ce premier carnet du coffret Réfugier, intitulé Témoigner, est une chronique poétique, écrite collectivement à partir de paroles collectées sur le campement Gergovia par des étudiant·e·s de Lettres lors d’échanges ou d’ateliers d’écriture, et retravaillée par les étudiant·e·s sous la direction d’Alban Lefranc.

22 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 17.

23 Ibid.

24 Ibid., p. 21.

25 Ibid., p. 29-30.

26 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements, op. cit., p. 36.

27 Falmarès, « Lettre familiale », Soulagements 2 (Tropiques printaniers), Kergouarec, Les Mandarines, 2020, p. 62.

28 Hassan Yassin, « La malédiction », p. 129. Les poèmes de Hassan Yassin ne sont pas écrits directement en français. Mais ils ont été publiés en version papier en français : d’abord dans Babels, Entre accueil et rejet. Ce que les villes font aux migrants (Véronique Bontemps, Chowra Makaremi et Sarah Mazouz (dir.), Lyon, Le passager clandestin, 2018, p. 59-62) pour ce qui concerne « La malédiction », puis dans « Poètes sans papier. Trois poèmes de Hassan Yacine, présentés par Michel Agier » (Tumultes, 2018/2, no 51, p. 122-135 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/tumu.051.0125) pour ce qui est de « La malédiction » de nouveau (p. 129-131, traduit de l’arabe par Helmi Trad), ainsi que « Quartier La Chapelle » (p. 132-133) et « Les menteurs » (p. 134-135), tous deux traduits de l’arabe par Saïda Benayad et Soizic Hily. Nous employons dans ce dossier l’orthographe Yassin, utilisée par l’auteur (non celle adoptée par Michel Agier). Le poème « La malédiction » est reproduit en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro, avec l’aimable autorisation de l’auteur.

29 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 20-21. Ce poème est reproduit en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro, avec l’aimable autorisation des éditions Les Mandarines.

30 Falmarès, « Prophète », Soulagements 2, op. cit., p. 69.

31 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 68.

32 Hassan Yassin, « Les menteurs », op. cit., p. 135.

33 Falmarès, « La mer I », Soulagements, op. cit., p. 52.

34 Claude Favre, Ceux qui vont…, op. cit., p. 7.

35 Marie Cosnay, Comment on expulse. Responsabilités en miettes, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2011.

36 Patrick Chamoiseau, « Là où littérature ne peut », Osons la fraternité !, op. cit., p. 11.

37 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa », op. cit., p. 67-68.

38 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 11-53.

39 Ibid., p. 24-25.

40 Ibid., p. 32.

41 Ibid., p. 46.

42 Ibid., p. 50.

43 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 179-180.

44 Ibid., p. 179.

45 Ibid.

46 Ibid.

47 Ibid.

48 Ibid., p. 180.

49 Ibid., p. 179.

50 Hassan Yassin, «  Quartier La Chapelle  », op. cit., p. 133.

51 Hassan Yassin, «  Les menteurs  », op. cit., p. 134.

52 Hassan Yassin, «  Quartier La Chapelle  », op. cit., p. 132.

53 Hassan Yassin, «  Les menteurs  », op. cit., p. 134.

54 Falmarès, « À Nicolas Mahé », Soulagements, op. cit., p. 50.

55 Falmarès, Lettres griotiques, op. cit., p. 67.

56 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, op. cit., p. 14.

57 Youssif Haliem, « Le voyage de la mort », précédé d’une introduction de Catherine Coquio, Po&sie, 2016/3, no 157‑158, 2016 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/poesi.157.0005.

58 Falmarès, « Lettre pour Conakry », Soulagements, op. cit., p. 36.

59 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 86.

60 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 95.

61 Ibid.

62 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 96.

63 Falmarès, « Le voyage infernal », Catalogue d’un exilé, p. 180.

64 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 94.

65 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Paris, Seuil, 2017, p. 14. Ce texte qui relève de l’essai est écrit dans une prose poétique profondément lyrique.

66 Mohammed El Amraoui, Migration, op. cit., p. 34.

67 Falmarès, Soulagements 2, op. cit., p. 11-12. Ce poème est reproduit en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro avec l’aimable autorisation des éditions Les Mandarines.

68 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 42.

69 Laurent Gaudé, « Seul le vent », De sang et de lumière, op. cit.

70 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 119.

71 « Puisqu’un droit élémentaire, passer, leur est refusé [aux réfugié·e·s], puisque le droit d’asile ne leur est pas convenablement accordé, que peuvent-ils faire désormais, sinon transgresser la loi ? C’est comme si la loi les obligeait à devenir hors-la-loi. “Privé du droit de résidence et du droit au travail, écrit Arendt, l’apatride devait évidemment transgresser continuellement la loi. Il était [donc] susceptible de se voir emprisonné sans avoir commis le moindre crime.” » (Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit., p. 45-46).

72 Voir notamment les analyses de René Schérer (Zeus hospitalier. Éloge de l’hospitalité, Paris, Armand Colin, 1993), de Jacques Derrida (De l’hospitalité, Paris, Calmann-Lévy, 1997), de Mohammed Seffahi (dir., Autour de Jacques Derrida – Manifeste pour l’hospitalité, Grigny, Paroles d’aube, 1999) ou d’Alain Montandon (« Hospitalité : accueil de l’hôte », Explorer, op. cit., p. 32-35 ; ainsi que Désirs d’hospitalité. De Homère à Kafka, Paris, Presses universitaires de France, 2002 ; et sous sa direction : Mythes et représentations de l’hospitalité, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 1999 ; Le Livre de l’hospitalité. Accueil de l’étranger dans l’histoire et les cultures, Paris, Bayard, 2004).

73 Chez Hassan Yassin spécifiquement : « Je vous inspire la haine de la race humaine » (« La malédiction », Tumultes, op. cit., p. 129) ; « Le moindre regard vers moi ne vous inspire que dégoût » (Ibid., p. 130) ; « Même vos chiens me regardent étrangement / Vos chiens bien emmitouflés qui ont des papiers d’identité et un nom » (Ibid.).

74 « Je suis une charogne qui empuantit votre air / […] Je suis une charogne où demeurent les vers » (Ibid., p. 129).

75 « Je suis un anonyme sans identité, sans papiers / Un tas de détritus face à vos portes » (Ibid., p. 130).

76 Dans « La malédiction », mais aussi dans « Quartier La Chapelle » : « à vos yeux, nous ne sommes que malédiction » (op. cit., p. 133).

77 Chez Youssif Haliem (« Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 96) : « Je ne suis qu’un reste d’humain ».

78 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 131.

79 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 14.

80 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 129.

81 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 93.

82 Ibid., p. 93-96.

83 Ibid., p. 93.

84 Ibid., p. 92.

85 Ibid., p. 96.

86 Ibid., p. 93.

87 Ibid., p. 96.

88 Manon Houtart, « Poèmes de migrants “illégalisés” : dire l’exil autrement », COnTEXTES, 2021 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.10205.

89 Laurent Gaudé, « Khorshak », De sang et de lumière, op. cit. Le texte ajoute : « Leur vie ne sera pas sauvée / Mais qu’elles restent dans nos mémoires. »

90 Récits dont les mises en cause répétées sont évoquées en particulier dans le poème « Les menteurs » de Hassan Yassin (op. cit.).

91 Jean-Pierre Siméon, La poésie sauvera le monde, Paris, Le Passeur, 2015, p. 27.

92 Lila Ibrahim-Lamrous, « Passer “de Charybde en Lampedusa” », Explorer, op. cit., p. 68.

93 Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris, « Là où littérature ne peut », Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants, op. cit., p. 10.

94 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 29.

95 Hassan Yassin, « Quartier La Chapelle », op. cit., p. 132.

96 Falmarès, « Lettre V », Lettres griotiques, op. cit., p. 33.

97 Falmarès, « Prologue », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 27.

98 Comme l’affirme un des exergues de Falmarès à son Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 25.

99 Hassan Yassin, « La malédiction », op. cit., p. 130.

100 Ibid., p. 131.

101 Ibid.

102 Ibid.

103 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 93-94.

104 « Ode à mes frères migrants », Soulagements 2, op. cit., p. 11-12. Voir ce poème en intégralité dans la rubrique « Dossier » de ce numéro.

105 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31-32.

106 Falmarès, « Pourquoi ai-je immigré », ibid., p. 256.

107 Ibid., p. 257.

108 Selon la définition de la « littérature-refuge » : voir María de los Ángeles Hernández Gómez, Catherine Milkovitch-Rioux et Nathalie Vincent-Munnia, « Réfugier en littérature. Histoire(s) et mémoire(s) du temps présent », in Mémoire(s), valeurs et transmission, Florence Faberon, Corinne Benestroff et Arnaud Paturet (dir.), Clermont-Ferrand, Réseau de Recherches sur la cohésion sociale, 2024, p. 147-159.

109  Falmarès, « De la lecture ! », Lettres griotiques, op. cit., p. 48. Voir aussi l’un des exergues de Falmarès à son Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 25 : « Tout écrivain est un exilé » ; ou « Poème pour M’Balia », Ibid., p. 64 : « Le poème est exil. »

110 « Réfugié poétique » selon la formule qui donne son titre à un poème de Catalogue d’un exilé (op. cit., p. 122-135), reprise dans un entretien sur TV5 Monde : « France : Falmarès, réfugié poétique » [vidéo, 3’57], rubrique « Informations », TV5 Monde, 1er mai 2021 [En ligne] URL : https://information.tv5monde.com/culture/france-falmares-refugie-poetique-12517?amp=&xtor=SEC-7-GOO-%5BINFO_SE%5D-%5B119843614474%5D-S-%5B%5D.

111 Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, op. cit., p. 57.

112 Jean-Pierre Siméon, « L’horizon loin devant », Explorer, op. cit., p. 72.

113 Ibid.

114 Ibid.

115 Jeanne Benameur, L’exil n’a pas d’ombre, Paris, Éditions Bruno Doucey, 2019, p. 10.

116 Youssif Haliem, « Moi et Marianne », Explorer, op. cit., p. 96.

117 Jean-Pierre Siméon, « L’horizon loin devant », op. cit., p. 70.

118 Patrick Chamoiseau, « Déclaration des poètes », Frères migrants, op. cit., p. 134 et Osons la fraternité !, op. cit., p. 293.

119 Voir aussi les approches des sciences humaines à propos de ce pouvoir d’action : notamment Natividad Planas, « L’agency des étrangers. De l’appartenance locale à l’histoire du monde », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2013/1, n° 60-1, p. 37‑56 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/rhmc.601.0037. Ou Annabel Desgrées du Loû, Karna Coulibaly, Iris Zoumenou, Anne Gosselin, Séverine Carillon, Andrainolo Ravalihasy et Julia Eïd, « La participation sociale, levier d’empowerment pour les immigrés précaires », Revue européenne des migrations internationales, vol. 39, no 4, 2023, p. 177-201 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/remi.24871. Et concernant les réflexions des poètes sur le pouvoir d’action de/par la littérature, Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris, évoquent, à son propos, « non un “pouvoir” – on ne sait quelle aptitude à modifier le monde –, mais le tressaillement d’une puissance imaginale sur des rives où rien ne semble possible, et où pourtant peut advenir, humain faisant, un quand même malgré tout » (« Là où littérature ne peut », Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants, op. cit., p. 14).

120 Collectif, Témoigner, op. cit., p. 67.

121 Falmarès, « Éloge de la marche », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 58.

122 « Oh fils d’Afrique ! Fierté, travail, bravoure font de nous les dignes fils d’Afrique. Quel que soit l’endroit où je me trouverai, tous me demanderont : d’où viens-tu ? Qui es-tu ? Quelle est ta patrie ? Avec fierté, honneur et amour je dirai : je suis africain, m’entends-tu ? Je suis africain comme l’était mon père. Comme l’était le père de mon père et comme le seront mes enfants et les enfants de mes enfants. » (Stephen Ngatcheu, Chez moi, ou presque…, op. cit., p. 9).

123 Ibid., p. 72.

124 Falmarès, Syli ô Guinée – Livre I, Conakry, Yigui, 2023, p. 14-15.

125 Falmarès, « Bretagne », Soulagements, op. cit., p. 23.

126 Falmarès, « Au fil des jours », Soulagements 2, op. cit., p. 72.

127 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 36.

128 Falmarès, « 9 rue des Halles – IV », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 54.

129 Par exemple les mots « Iya » pour « maman » ou « M’mama » pour « grand-mère » dans Soulagements (op. cit.) ; ou la citation d’extraits de poèmes soussou en exergue de deux des parties du poème « Ballet africain » (Soulagements 2, p. 14-23).

130 Falmarès, Soulagements, op. cit., p. 39.

131 Falmarès, Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31.

132 Ibid., p. 32.

133 Ibid., p. 31.

134 Ibid., p. 29.

135 Dans « La malédiction » : « face à moi », « face à vos portes », « Vous les passants… devant moi ! » (op. cit., p. 129-131).

136 Dans « Quartier La Chapelle » : « sous vos fenêtres », « sous vos yeux » (op. cit., p. 132-133).

137 Patrick Chamoiseau, « Lampedusa », op. cit., p. 68.

138 Ibid.

139 Falmarès, « Je ne suis pas Migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 31.

140 Amin Maalouf confronte de manière analogue la notion d’identité à celle de la diversité d’appartenances dans son essai Les Identités meurtrières (Paris, Grasset, 1998).

141 Falmarès, « Contemplation », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 61.

142 Édouard Glissant, Tout-monde, Paris, Gallimard, 1995. Et Traité du tout-monde, Poétique IV, Paris, Gallimard, 1997.

143 Loïc Céry, « Œuvre > Glossaire > Mondialité », in Édouard Glissant – Une pensée archipélique [En ligne] URL : http://www.edouardglissant.fr/mondialite.html.

144 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 52-55.

145 Falmarès, Syli ô Guinée – Livre I, op. cit., p. 121.

146 Falmarès, « Je ne suis pas Migrant », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 32.

147 Falmarès, « Contemplation », ibid., p. 61. De manière proche, Catherine Coquio analyse chez Youssif Haliem l’élaboration d’une « “éthique du passant” mondial » (Introduction de Catherine Coquio au « Voyage de la mort » de Youssif Haliem, op. cit., p. 9).

148 Falmarès, « Écrire ! », Lettres griotiques, op. cit., p. 35.

149 Falmarès, « Poétique du verbe », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 45.

150 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 52-55.

151 Les analyses d’Alexis Nouss insistent de même sur la nécessité de reconnaître aux migrations non seulement leur place dans un présent mondialisé, mais un rôle central : d’admettre, ainsi que le synthétise la quatrième de couverture de son essai, « la condition exilique comme modulation de la condition humaine », la ou le migrant·e n’étant plus un·e exclu·e ou une victime, mais « une figure au prisme de laquelle se lit l’ensemble des questions sociales » (Alexis Nouss, Droit d’exil – Pour une politisation de la question migratoire, Paris, Presses du réel, 2021).

152 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 118.

153 Ibid, p. 43-44.

154 Ibid, p. 118.

155 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit.

156 Ce poème « constitue le commentaire off – lu par la musicienne, poétesse et chanteuse Lena Platonos – du film coréalisé avec Maria Kourkouta, Des spectres hantent l’Europe (99 minutes, France/Grèce, 2016). La traduction est due à Maria Kourkouta, relue par Georges Didi-Huberman » (« Note », Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit., p. 89).

157 Ibid., p. 31.

158 Cette image des « Ombres qui avancent » est du reste présente aussi chez Mohammed El Amraoui (Migration, op. cit., p. 13) et dans son exergue extrait du poème perse allégorique La Conférence des oiseaux de Farid ud-Din’ Attar : « “Avancer, quoi qu’il nous en coûte”, voilà ce qui leur vint au front. » (Ibid., p. 9).

159 À travers de plus la référence à La Tradition cachée d’Hannah Arendt et à sa thèse de « la notion de “paria” en tant que paradigme moderne de la discrimination et de l’oppression » (Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit., p. 34).

160 De manière proche, Natividad Planas (dans « Une archéologie de l’exclusion », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2017/2, no 64, 2017, p. 12 et p. 18 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/rhmc.642.0007) s’interroge en historienne, à partir de son travail concernant l’Histoire des migrations et frontières aux xvie-xviiie siècles, sur les paradoxes des migrations et exils contemporains : « Comment penser l’appartenance sociale de gens sans droits, ou plus précisément de ceux à qui l’État dénie les droits de l’appartenance ? […] Est-il envisageable, pour une société qui a pour fondement l’égalité de tous devant la loi, d’avoir en son sein des gens sans droits ou plus précisément sans la certification des droits d’appartenance à la communauté que sont les papiers ? »

161 Georges Didi-Huberman et Niki Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte, op. cit., p. 38.

162 Ibid., p. 61-62.

163 Laurent Gaudé, « Notre-Dame-des-Jungles », De sang et de lumière, op. cit.

164 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 61.

165 Falmarès, « Le rêve inachevé », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 38.

166 Édouard Glissant, Poétique de la relation : Poétique III, Paris, Gallimard, 1990.

167 Falmarès, « Une nuit en pays étranger », Catalogue d’un exilé, op. cit., p. 231.

168 Patrick Chamoiseau, Frères migrants, op. cit., p. 75.

Citer cet article

Référence électronique

Nathalie VINCENT-MUNNIA, « Poésie-refuge, poésie-monde. Représentations poétiques contemporaines des migrations vers la France et les occidents », Sociopoétiques [En ligne], 10 | 2025, mis en ligne le 09 décembre 2025, consulté le 17 décembre 2025. URL : http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=2506

Auteur

Nathalie VINCENT-MUNNIA

CELIS, Université Clermont Auvergne

Autres ressources du même auteur

Articles du même auteur

Droits d'auteur

Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)