Représentations en lutte : Marie Cosnay et les contre-récits des migrations, écrire entre passé et présent

DOI : 10.52497/sociopoetiques.2559

Résumés

L’œuvre de Marie Cosnay, figure majeure de la « littérature-refuge », explore les enjeux migratoires à travers une écriture impliquée et documentaire. Ses récits, nourris par son activisme, interrogent les politiques migratoires européennes et les représentations dominantes de l’exil. Dans des ouvrages comme Des îles (2021-2024) et Toi et ton frère (2023), l’écrivaine mêle enquête de terrain et réflexion historique, tissant des liens entre les migrations contemporaines et les exils passés, notamment autour de la mer d’Alboran. Son écriture polyphonique accueille les voix des exilé·e·s, de leurs familles et des acteurs de l’accueil, tout en confrontant les silences et les non-dits des parcours migratoires. Par une approche sociopoétique, cet article analyse comment Cosnay construit des contre-représentations en lutte avec l’imaginaire dominant, subvertissant les récits conventionnels sur la migration.

Marie Cosnay, a prominent voice in “refuge literature”, delves into the complexities of migration through a deeply engaged and documentary-inspired approach. Her work, shaped by her activism, critically examines European migration policies and challenges mainstream narratives of exile. In books like Des îles (2021-2024) and Toi et ton frère (2023), Cosnay combines on-the-ground research with historical analysis, drawing parallels between contemporary migration and historical displacements, particularly in the context of the Alboran Sea. Her polyphonic style brings to life the voices of migrants, their families, and those who support them, while shedding light on the silenced and overlooked aspects of their journeys. Using a sociopoetic lens, this article explores how Cosnay crafts counter-representations that resist dominant discourses, reimagining the ways migration is understood and portrayed.

Index

Mots-clés

Littérature-refuge, migrations, xxie siècle, contre-représentations, enquête documentaire, Cosnay (Marie)

Keywords

refuge literature, migration, 21st century, counter-representations, documentary investigation, Cosnay (Marie)

Plan

Texte

«  Comment ça s’appelle, quand on dit, par exemple, tu es belle comme un bateau qui s’en va1 ?  »

L’œuvre de Marie Cosnay constitue, à l’heure actuelle, l’une des références majeures de la «  littérature-refuge2  » en langue française. Auteure, elle est également activiste pour les droits des personnes migrantes. Depuis de nombreuses années, ses écrits explorent la notion de refuge à travers une écriture résolument contemporaine, marquée par l’implication3. Sa production littéraire a évolué avec le tournant des politiques migratoires européennes, marquées par un recentrement sur les prérogatives étatiques de contrôle des frontières, des populations et des circulations, au détriment des droits individuels4. C’est d’abord dans le cadre du tribunal de grande instance de Bayonne, où elle assiste aux audiences d’étrangers menacés d’expulsion, que Marie Cosnay observe et décrit les mécanismes de la pratique judiciaire liée à la gestion migratoire (Entre chagrin et néant. Audiences d’étrangers, 2009, et Comment on expulse. Responsabilités en miettes, 2011). Nous sommes dans les années qui précèdent le dit «  long été de la migration5  » de 2015, un tournant qui entraînera, sur le territoire français, la relocalisation des personnes exilées depuis le Calaisis et le bassin parisien vers des communes périurbaines et rurales6, dont celle de Saint-Étienne-de-Baïgorri, au cœur du Pays basque français. Marie Cosnay retrace et explore cette expérience de l’accueil dans son ouvrage Jours de répit à Baigorri (2017), où elle met en lumière les défis, les solidarités et les tensions qui émergent dans ce contexte, tout en interrogeant les notions d’hospitalité et de cohabitation dans un espace transformé par ces mouvements migratoires. La question de l’accueil fera d’ailleurs l’objet d’un texte singulier, mêlant réflexions philosophiques et débats politiques, coécrit en 2019 avec le philosophe Mathieu Potte-Bonneville (Voir venir. Écrire l’hospitalité). Il occupe également une place centrale dans l’un de ses ouvrages documentaires les plus récents, Nos corps pirogues (2022), où l’écrivaine approfondit plus spécifiquement la thématique de l’accompagnement des mineurs étrangers isolés, prolongeant ainsi sa réflexion sur les enjeux contemporains de l’hospitalité.

C’est cependant à travers sa trilogie documentaire Des îles (2021-2024) que Marie Cosnay parvient à saisir pleinement, et dans toute leur complexité, les conséquences de la politique migratoire européenne sur les personnes migrantes, sur leurs familles et sur celles et ceux qui tentent de les accompagner. Il y est question d’externalisation des frontières, des frontières intérieures de l’Europe, ainsi que des obstacles multiples (administratifs, judiciaires, sociaux…) qui rythment les parcours des protagonistes, même au-delà de leur disparition physique. En explorant les frontières, tant symboliques que géographiques, qui séparent la Grèce, l’Espagne et la France entre elles, mais aussi avec le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye ou le Sahara occidental – autant de points de départ pour les embarcations qui traversent quotidiennement la Méditerranée ou l’Atlantique –, l’auteure déploie une écriture de terrain7 où elle se fait à la fois témoin et actrice, engagée dans une enquête au long cours qui prend forme dans les récits des personnes migrantes qu’elle rencontre et auxquelles elle apporte son soutien.

Cet article se propose d’analyser les deux derniers ouvrages publiés en 2023 par Marie Cosnay : le troisième volet de Des îles, consacré à son travail d’enquête sur les disparitions survenues en mer d’Alboran entre 2022 et 2023, et le récit Toi et ton frère, publié dans la collection Fléchette des éditions sun/sun, qui retrace les péripéties méditerranéennes de la famille du corsaire ottoman Barberousse. Bien que les deux textes semblent, à première vue, très différents, ils partagent une dynamique d’écriture commune : celle de faire dialoguer les migrations contemporaines avec le passé, en convoquant des personnages et des événements majeurs de l’histoire des xve et xvie siècles – notamment l’exil forcé des musulmans andalous après la Reconquête –, mais aussi des épisodes plus récents, comme l’exode des républicains espagnols fuyant les côtes andalouses vers l’Algérie pendant la guerre civile d’Espagne (1936-1939). Ces récits s’articulent autour d’un même décor, la mer d’Alboran, théâtre d’allers-retours d’exilés entre ces deux rives depuis des siècles. Par ailleurs, Toi et ton frère revient sur la figure mythique de Barberousse, brièvement évoquée dans Des îles 3, et faisant partie de toute une galerie de personnages historiques qui, d’une manière ou d’une autre, sont liés aux mouvements migratoires d’un passé plus ou moins lointain. Cette démarche permet à l’auteure d’établir des ponts entre les époques tout en interrogeant les continuités et les ruptures dans les expériences de l’exil.

Il nous semble, par ailleurs, que ces deux ouvrages viennent ancrer – ou réancrer, si l’on considère les enquêtes que l’écrivaine a menées auparavant dans son œuvre, comme celle portant sur l’enlèvement des frères Finaly en 1950 dans Comètes et perdrix (2021) – une dimension d’enquête historique dans cette production littéraire centrée sur les migrations. Celle-ci se présente comme un miroir de l’enquête de terrain menée dans le présent. Cette dernière, marquée par une recherche de justesse, voire de justice, et par une attention au réel, entre en dialogue avec une enquête qui se laisse parfois séduire par les légendes, les récits, les fictions ou les pistes qui, finalement, ne sont pas si éloignées des discours entourant les migrations contemporaines. Ainsi, deux enquêtes, très différentes tant dans leur forme que dans leur fond, dialoguent entre elles.

Dans une approche sociopoétique, nous nous attacherons à examiner la manière dont les représentations et l’imaginaire social de la migration se manifestent dans ces deux œuvres de Marie Cosnay, ainsi que les liens qu’ils tissent avec le texte lui-même. Nous formulons l’hypothèse que les œuvres de l’auteure construisent et véhiculent des représentations sociales en tension avec l’imaginaire dominant – des contre-représentations ou représentations en lutte –, et ce jusque dans les choix poétiques et rhétoriques qui les configurent. Par ailleurs, nous chercherons à évaluer dans quelle mesure le travail documentaire et d’enquête mené par l’écrivaine transforme les relations et reconfigure les frontières entre ces représentations et la création littéraire. Cette analyse visera ainsi à mettre en lumière comment le texte littéraire, nourri par une pratique de l’enquête, contribue à interroger, subvertir et réinventer les imaginaires sociaux sur la migration.

(Contre)représenter les migrations

La définition qu’Alain Montandon propose de l’approche sociopoétique souligne l’ambition de cette méthode critique : une poétique qui analyse la manière dont les représentations sociales et l’imaginaire collectif informent le texte littéraire dans son écriture même. Ainsi, le texte littéraire se construirait soit en adhésion à cet imaginaire, soit en opposition avec celui-ci, révélant une dynamique où création et représentation s’entrelacent8.

Dans ce contexte, l’œuvre que Marie Cosnay consacre aux migrations contemporaines occupe un statut particulier. Ces textes s’inscrivent d’abord dans une démarche d’enquête menée par l’auteure, qu’elle décline dans une écriture documentaire9. Ces productions restituent ainsi l’expérience d’une écrivaine qui va à la rencontre du réel (par l’enquête en immersion, par la collecte des témoignages, par les archives), restitution qui n’exclut pas pour autant la présence de « rémanences fictionnelles  », mobilisées ici pour leur potentiel cognitif plutôt que pour leur dimension romanesque10. Nous pourrions voir dans la démarche même de l’enquête un refus explicite des représentations sociales dominantes sur les migrations contemporaines, inadaptées ou insuffisantes pour saisir la complexité de la réalité migratoire. D’ailleurs, dans le prologue du premier volet des Des îles, elle écrit : «  Sans moyens adéquats, il me fallait mener l’enquête autour des mers et dans des villes inhospitalières. L’enquête multipliait les hypothèses. Une façon de faire l’histoire de ce phénomène muet de notre xxie siècle, la disparition des populations11  ». Faut-il y voir une remise en cause des liens entre représentations sociales et littérature ? Il semble plutôt que l’on assiste à un changement de paradigme dans cette littérature d’enquête : c’est le réel vécu et observé qui prétend désormais informer les représentations sociales, et non l’inverse. Cela suppose cependant que ces représentations sociales soient déjà présentes, de manière implicite, même avant l’enquête. Elles sont ensuite remises en question par l’écriture, qui produit ainsi des contre-représentations. Le mouvement d’information est ici bidirectionnel. L’imaginaire social continue d’influencer la littérature, tout en étant contesté par elle, tandis que celle-ci propose de nouvelles représentations issues des pratiques de terrain, révélant un imaginaire jusque-là inconnu – ou «  muet  », selon les mots de l’écrivaine. Ce contre-imaginaire du réel, en lutte, révèle finalement une «  mise en mouvement, une pratique créatrice des représentations12  ». Le texte contemporain assume et revendique son rôle dans la construction de la mémoire des représentations actuelles liées aux migrations.

Prenons comme exemple l’imaginaire autour de la mer Méditerranée. Autrefois célébrée comme un espace d’échange, de dialogue et de circulation, cette mer a vu ses représentations se transformer radicalement au fil du temps. Historiquement, elle était perçue comme un lieu de rencontres et de mobilités, un «  espace-mouvement13  » selon l’expression de Fernand Braudel, où les flux humains, culturels et commerciaux contribuaient à son unité et à sa richesse. Toutefois, cette représentation positive s’est progressivement effacée au profit d’une perception nettement plus sombre. Catherine Wihtol de Wenden met en évidence cette évolution en soulignant que la Méditerranée, en effet longtemps présentée comme un espace multiculturel de partage, est désormais représentée comme une frontière14. Alors que les migrations ont historiquement contribué à l’unité de la Méditerranée, elles sont aujourd’hui perçues comme une menace, alimentant des discours politiques alarmistes et des mesures restrictives. De nos jours, les images d’«  invasion  » ou de «  submersion migratoire15  », voire de «  trop-plein migratoire16  », reviennent dans les discours, s’insinuent progressivement dans les mentalités et façonnent une perception largement répandue. Pourtant, cette vision contraste fortement avec les recherches scientifiques qui révèlent une réalité bien plus nuancée et complexe17.

Marie Cosnay propose une vision de la Méditerranée inscrite dans le temps long, celui des migrations, où s’instaure un dialogue entre passé et présent. Ces temporalités, sans jamais se confondre, se complètent et s’enrichissent mutuellement, proposant une approche multiple et subtile des enjeux migratoires. Comment l’écriture littéraire interroge-t-elle les représentations sociales liées à la migration ? Si, dans d’autres œuvres documentaires, l’écrivaine s’applique à déconstruire les images sociales par un travail de terrain méthodique, ces deux textes ne visent pas tant à produire des «  contre-représentations  » qu’à déplacer le regard en proposant une perspective décentrée sur des réalités migratoires reléguées aux marges. Il s’agit de réorienter la focale en intégrant dans l’imaginaire social des dimensions souvent absentes : les morts en mer lors des traversées contemporaines et l’accueil des réfugiés ibériques dans le pourtour sud de la Méditerranée à différentes époques historiques en sont deux exemples significatifs.

En effet, les morts en mer sont au centre de l’enquête menée dans Des îles. Si ce thème traverse l’ensemble de la trilogie, c’est dans ce dernier volet qu’il s’affirme comme une question majeure. L’écrivaine ne se concentre plus uniquement sur les vivants qui arrivent, mais porte son attention sur ceux qui n’arrivent pas, disparus en mer après avoir entrepris le voyage, ceux dont on n’a aucune nouvelle. Elle évoque également ceux dont on ne retrouve que les dépouilles, qu’il faut souvent enterrer selon le rite musulman, bien qu’aucune place ne leur soit véritablement accordée dans les cimetières européens. Il y est aussi question des familles qui attendent, ici ou ailleurs, ces corps, tout en gardant l’espoir d’une possible survie. L’auteure élabore ces représentations à partir des témoignages et des récits de vie des personnes qu’elle rencontre, celles avec qui elle travaille pour retrouver un proche ou un ami disparu. Une multitude d’individus engagés dans des recherches, chacun incarnant des réalités uniques, aussi variées que les parcours derrière chaque disparition (celle d’Askander, de Yaya Sacko, de Feriel…). C’est sur ces informations en constante évolution, souvent floues, incertaines et inscrites dans une temporalité sans fin, que se construit un imaginaire nécessairement fragmenté et inachevé :

Alors nous dirions : voici ce qui a pu se passer. Ce qui signifie presque, pensons-nous : voici ce qui s’est passé. Certes, nous n’aurions, pour calmer le désir impossible à rassasier de Ryad pour son frère Askander, ni de corps, ni de certificat de décès, ni d’attestation écrite de disparition sans retour. Nous aurions ce qui y ressemble le plus : un récit documenté.
Ce qui m’a frappée, après coup, […] c’est la soudaine certitude qu’on ne représente jamais un naufrage. Le naufrage demeure lettre absente, réel sans nom et sans image. C’est bien ce qui rend fous les parents, frères, pères et mères de disparus18.

De l’accueil des survivants à celui des morts et des disparus – souvent impossible, car irréalisable –, Marie Cosnay oppose aux représentations d’une submersion migratoire l’image d’une Méditerranée «  où nous ne pouvons plus compter les morts19  ». Une Méditerranée où l’identification des corps échoués sur les côtes s’avère difficile, voire impossible, et où les rapatriements se heurtent à des démarches administratives interminables. Si l’écrivaine explore des récits individuels de disparition, elle s’appuie également sur des chiffres, aussi élevés qu’approximatifs : ceux des personnes ayant embarqué et disparues sans laisser de traces. Ces chiffres, loin de déshumaniser le phénomène, révèlent plutôt l’impuissance de l’écrivaine-enquêtrice face à l’ampleur de la tragédie :

On note ceux qu’on apprend, par hasard, parce qu’on connaît quelqu’un, parce qu’une sœur, un proche, cherche. On note ce qu’on peut noter. On note les groupes. 55, 65, 44, 14 : on meurt en groupe, on meurt par bateau. Par convoi. On meurt ensemble. Ou peu à peu, ou les uns après les autres. Ou les uns sur les autres20.

Cette enquête de terrain, menée au présent, s’articule avec une recherche historique et une exploration archivistique nourrie de lectures et d’entretiens, qui se laissent cependant  séduire par les légendes construites autour de certains personnages historiques, comme Boabdil ou les Barberousse. Ces récits s’ancrent dans le passé d’une Méditerranée idéalisée pour ses échanges et sa liberté de mouvement, une liberté qui, de toute évidence, ne trouve plus d’écho dans le présent, et qui n’aurait jamais été aussi simple ni aussi idyllique qu’on a pu le croire ou l’imaginer. Des îles et Toi et ton frère, tout en privilégiant respectivement le présent et le passé, évoquent les parcours migratoires allant du sud au nord, et dialoguent, en parallèle, avec des déplacements effectués dans le sens inverse à d’autres moments de l’histoire. Marie Cosnay s’inspire notamment des trajectoires des frères Barberousse pour mettre en lumière les multiples problèmes et persécutions qui ont marqué l’histoire de cette région. Le texte progresse dans le doute, interrogeant l’incertitude qui entoure la véritable histoire de ces figures légendaires, tout en s’appuyant sur des faits historiques établis pour rappeler une vérité fondamentale : les migrations n’ont jamais été unidirectionnelles, et bien souvent, elles ont été contraintes et imposées dans le sens inverse à celui d’aujourd’hui.

Pour l’heure, les rois catholiques gagnent du terrain […]. Tout le monde vogue vers le Maghreb. Y voguent aussi, sur les bateaux corsaires qui vont les chercher, Andalous et juifs quittant la péninsule, en un exil choisi qui n’est pas moins un exil. C’est que sur la péninsule, on veut par la force les convertir. Avant de juger que convertis ils ne le sont jamais assez. Il s’agit d’un moment où l’Histoire, déjà, interdit les passages21.

À l’écrivaine de travailler, en deuxième plan, sur les conflits identitaires qui traversent le bassin méditerranéen. Elle associe leur origine moins à des divergences religieuses qu’à des rivalités entre voisins, qui «  s’enragent de leurs toutes petites différences22  » dans une quête de pouvoir. Ces différences, souligne l’auteure, n’ont pourtant pas empêché, au xxe siècle, Franco d’enrôler des soldats maures du Rif – des musulmans morts dans un pays qui n’était pas le leur, enterrés sur une terre où l’on refuse aujourd’hui d’accueillir d’autres musulmans ayant choisi de rejoindre l’Espagne23. Des soldats maures traversant la Méditerranée pour servir le Général Franco aux républicains espagnols fuyant les troupes franquistes et trouvant refuge en Algérie, autant de bateaux qui se croisent en pleine mer :

Ils sont au nombre de quatorze et ils prennent un tout petit bateau à moteur, ils vont droit sur Oran […], ils échappent tous sur le premier bateau qu’ils ont trouvé, trop petit, ils vont à la dérive, assez loin d’Oran, les voilà condamnés à mort dans la mer d’Alboran et c’est le miracle de l’histoire, Ulysse l’hollandais [sic] les rencontre, les conduit à Alger, ce qui leur évite de disparaître, corps mangé par les poissons, dans cette mer qui ensevelit encore tant de jeunes combattants de la liberté, on n’en a jamais fini – jusqu’à la victoire, toujours24.

C’est dans cette perspective que nous abordons les propositions des représentations sociales portées par l’écriture-enquête de Marie Cosnay : tout voir, ne laisser aucun recoin dans l’ombre, explorer sans relâche et interroger les silences et les oublis de l’histoire (présente et passée) pour mieux comprendre. Ainsi, l’écriture devient, d’une certaine manière, un outil de réparation25, une façon de tendre vers une forme de justesse dans la restitution d’imaginaires sociaux sur les migrations, souvent construits en marge des parcours invisibilisés. Comment ce travail d’écriture-enquête se déploie-t-il et en quoi participe-t-il, au-delà des nouvelles représentations qu’il propose, à l’élaboration d’une poétique et d’une rhétorique en adéquation avec ces représentations ?

L’écriture-enquête de Marie Cosnay 

Les représentations sociales de la migration proposées par Marie Cosnay s’inscrivent dans le cadre d’une œuvre contemporaine qui interroge à la fois un présent concomitant et un passé revisité – ce dernier étant envisagé comme une clé de lecture pour appréhender ce présent migratoire en devenir. Cette démarche s’articule autour d’une pratique littéraire résolument interdisciplinaire, empruntant notamment aux méthodes d’enquête des sciences sociales. Ces pratiques hybrides, qui précèdent et structurent profondément l’acte d’écriture, confèrent aux représentations sociales de la migration qui y sont développées une singularité esthétique et poétique. Il en résulte une reconstruction littéraire de la pratique de terrain, de nature documentaire, qui se revendique proche du réel tout en soulignant les limites de toute tentative de restitution de cette réalité.

L’écrivaine prendra soin, néanmoins, de questionner les limites de sa démarche littéraire et de souligner une certaine distanciation vis-à-vis des méthodes des sciences sociales qu’elle emprunte pourtant dans son travail :

Quand je participe, je ne participe pas pour écrire. Et c’est très important, parce que les gens ont tendance à tout confondre : sciences sociales et littérature. Non. Est-ce que la littérature veut produire un savoir ? Pas forcément. Peut-être qu’au mieux, elle peut tracer des pistes, ouvrir des voies possibles. Mais elle ne produit pas un savoir, et elle n’utilise pas de méthodes avalisées dans les sciences, qu’elles soient historiques, sociologiques, philosophiques, ou autres. La littérature, ce n’est pas ça. Moi, je ne fais rien qui soit proche du social, par exemple. Même s’il y a des rencontres, et elles sont heureuses, parce que ça se répond. Mais je ne fais pas ça pour observer, je ne fais pas ça pour produire un savoir. Même si, après, ça peut donner à savoir quelque chose. Donc, je participe, et quand je participe, il s’ouvre des histoires. Moi, j’aime les histoires26.

Nous percevons ici un certain malaise chez Marie Cosnay, lié aux objectifs mêmes de son travail : reconnaître cette inscription reviendrait à admettre que son activisme sert en partie des fins littéraires, ce qui risquerait de minimiser ou d’invalider son engagement, qui dépasse largement et s’accomplit bien au-delà de sa pratique d’écriture. Ce refus traduit une posture éthique de la part de quelqu’un qui s’implique dans les questions migratoires contemporaines à un niveau plus profond et concret, sensible aussi, qui s’efforce de rendre compte d’une réalité vécue et incarnée par des protagonistes directement concernés, de près ou de loin, par cette question. Si sa démarche d’enquête ne se revendique pas méthodique – l’auteure affirmant elle-même qu’elle se laisse guider par les histoires qu’elle ne cherche pas activement –, elle n’en demeure pas moins rigoureuse et scrupuleuse lorsque les conditions le permettent (pratiques de terrain, prises de notes, entretiens, lectures théoriques). Son approche des acteurs se distingue par sa singularité : elle ne pose jamais, par exemple, de questions directes aux personnes migrantes, les récits se tissant plutôt au fil d’échanges spontanés et de conversations informelles qui laissent émerger les témoignages27. Il s’agit d’une enquête à la première personne qui ne se donne donc pas comme une fin en soi : on enquête pour l’autre, pour tenter de trouver des réponses à des situations parfois insolubles, pour démêler des mystères ou des circonstances qui exigent des éclaircissements, pour chercher la justice, pour comprendre ou essayer de comprendre.

Enquête singulière, certes, mais enquête tout de même, l’écrivaine n’hésitant d’ailleurs pas à revendiquer ce statut pour l’ensemble de Des îles. C’est précisément dans ce dernier volet qu’elle partage avec le lecteur une partie de ses matériaux de travail, des «  factographies28  » qu’elle intègre au paratexte. Aux cartes habituelles qui situent géographiquement le récit, l’auteure ajoute une liste minutieuse de tous les acteurs impliqués dans l’enquête (avocats, travailleurs sociaux, amis qui l’assistent dans ses démarches, chercheurs, etc.), ainsi que des photos témoignant de son activité de terrain – comme celles du cimetière Al-Salam de Valence ou du cimetière de San Lázaro à Las Palmas. Elle rend également hommage, à travers une photo, au jeune Abdarramane Askander, disparu en 2021 dans la mer d’Alboran. Enfin, les annexes documentent, au-delà du texte, l’action collective d’un réseau d’activistes luttant pour les droits des personnes migrantes : on y trouve notamment la liste non exhaustive des disparus des départs de la route de Sfax entre janvier et avril 2023, ainsi que celle des bateaux disparus entre l’Algérie et l’Espagne depuis 2020. Ces éléments, à la fois factuels et mémoriels, illustrent une démarche où les pratiques empruntées aux sciences sociales, bien que maintenues en marge du texte principal, fournissent un cadre, valident et contextualisent les propos du récit, tout en étant discrètement écartées de la narration littéraire elle-même. L’écrivaine utilise ainsi ce matériel factographique comme un rempart, une assise essentielle à son écriture. Le paratexte, quant à lui, dévoile ce processus d’enquête, révélant une méthode que l’auteure semble nier avec une certaine pudeur, mais qu’elle structure et systématise néanmoins, témoignant d’une rigueur qui sous-tend son approche à la fois littéraire et engagée.

Dans le récit lui-même, les représentations de la migration proposées par Marie Cosnay ne se contentent pas de déplacer la focale, comme nous l’avons déjà évoqué, mais s’articulent également autour d’une écriture spécifique, dont nous analyserons quelques traits marquants. Parmi ceux-ci figurent la polyphonie structurante qui traverse les deux récits, le rôle de la fiction au sein de ces représentations qui se veulent pourtant documentaires (notamment Des îles), et enfin, la place du travail d’enquête dans la narration elle-même, que nous examinerons à travers la posture énonciative adoptée par l’écrivaine. Nous observerons que ces caractéristiques communes sont traitées de manière distincte, l’incertitude entourant certaines histoires du passé s’oppose à un présent amplement documenté mais également en proie aux non-dits de la route migratoire.

L’œuvre de Marie Cosnay se construit sur un ensemble de voix multiples qui participent à la co-construction du récit et le font progresser, malgré les difficultés inhérentes à des enquêtes portant majoritairement sur des disparus, dont l’identité reste incertaine. Ces identités, parfois supposées mais impossibles à vérifier, ou simplement désirées pour donner une forme narrative à une disparition potentiellement définitive, deviennent un enjeu central. L’écrivaine mobilise une pluralité de voix, de points de vue et d’inquiétudes : les siens, bien sûr, mais aussi ceux des autres acteurs impliqués dans ces enquêtes – activistes, veilleurs comme elle, familles et amis des disparus, survivants. Qu’ils soient contraints par les circonstances, engagés par conviction ou qu’ils rencontrent par hasard l’écrivaine sur le terrain, ces acteurs trouvent dans le récit un médiateur, facilitant l’expression de leurs voix et la mise en récit de leur vécu. Comme nous l’avons souligné dans un précédent travail29, cette polyphonie incarnerait une forme de mise en œuvre du care contemporain en littérature, tel que développé par l’écrivaine. Celle-ci ne prétend ni parler à la place des personnes migrantes ni leur donner la parole, mais plutôt se laisser habiter par ces voix qui se manifestent ensuite inaltérées, dans toute leur essence : «  l’estompement des frontières entre discours narratorial et discours représenté engendre, […] une sorte de tressage énonciatif30  ». Tressage énonciatif donc qui brise toute hiérarchie ou rapport de force, qui s’érige en principe éthique de l’écriture, mais aussi du travail d’enquête :

Nous connaissons des familles qui pensent, disent ou veulent penser que leurs enfants ne sont pas morts mais prisonniers, des Tunisiens, des Marocains, des Européens, des bateaux de Frontex. Ce n’est pas le cas de Ryad. Ryad connaît la puissance de la mer. Croire ou ne pas croire ton frère mort ne change rien : tu le cherches pourtant, dans tous les lieux où tu peux le chercher. Les rivages, les falaises, les hôpitaux, les morgues, les cimetières, les fosses31.

Le lecteur est confronté à l’apaisement désespéré d’un frère en quête d’un autre, lui-même aussi démuni que les familles qui attendent des nouvelles des leurs. Cette quête se déploie dans une polyphonie éclatée, fragmentée en multiples possibilités, reflétant l’impossibilité d’une représentation unique. Ces possibilités, infinies et entrelacées, se succèdent, se superposent ou coexistent, tandis que les lieux de recherche, aussi nombreux qu’inaccessibles, semblent une manière de maintenir l’espoir dans une quête effrénée. L’auteure, quant à elle, navigue entre ces échanges et ces enchaînements interminables, intégrant la fiction comme une composante essentielle de la réalité migratoire : «  […] le propre de ces routes de la mort c’est de faufiler le secret, le secret qui plus que tout au monde fait des histoires sans fin32  ». Le récit documentaire intègre le jeu fictionnel non pas comme un simple procédé littéraire, mais comme un élément à part entière, au même titre que la restitution de l’enquête, lui accordant ainsi une légitimité équivalente. La fiction se glisse dans les zones d’ombre de l’enquête sur le présent, là où les certitudes manquent et où les faits ne peuvent être établis. Elle évolue dans l’espace des hypothèses, habitant entre les possibles.

Des enquêtes sur le temps présent aux investigations portant sur un passé lointain, les xve et xvie siècles voient naviguer dans les eaux de la mer d’Alboran les Barberousse (Toi et ton frère) et Boabdil, le dernier émir nasride de Grenade, qui aurait fui jusqu’à Tlemcen après la défaite face aux Rois Catholiques (Des îles 3). Nous reconnaissons ici une écriture qui se laisse séduire par les légendes entourant ces figures historiques, sur lesquelles tant a été écrit au fil des siècles, mais dont le mystère persiste. L’auteure semble prendre plaisir à endosser le double rôle d’enquêtrice et de narratrice : les enjeux, distincts de l’urgence migratoire du présent, permettent à l’angoisse des quêtes infinies de céder la place à des lectures, à des recherches dans les archives, à des visionnages de documentaires… L’objectif est de faire exister le passé autrement. L’écrivaine n’hésite pas à interroger ces légendes, se complaît dans les hypothèses, questionne le passé et fait souvent progresser le récit dans l’incertitude. La polyphonie se partage entre le récit qui se (re)construit et les apports que l’écrivaine n’hésite pas à poser à la première personne ; Marie Cosnay semble récupérer une légitimité sur l’énonciation, sur une histoire qui n’est certes pas la sienne mais qu’elle fait sienne : «  je ne vois pas Abû Abdil-lah à genoux, plantant dans la terre humide d’un mois de janvier la pioche qui déterre33  ». L’enquête coexiste avec la fiction, elles évoluent ensemble, entraînant le lecteur dans une histoire revisitée :

Ils étaient bien mystérieux, les Barberousse. Quatre frères d’abord, puis deux, pour un même surnom. Quant à Souleyman le Magnifique, il se posait la même question que nous. Comment de jeunes potiers et marins marchands étaient-ils devenus ces héros légendaires ? […] La légende s’écrivait, qui s’écrit encore34.

Rendant compte de ses lectures, qu’elle situe fréquemment dans le flou («  je lis  ») sans toujours citer explicitement ses sources («  on dit  »), Marie Cosnay ne renonce pas pour autant à la recherche des faits établis : elle interroge le passé avec la même rigueur que le présent, mais sans l’urgence qui marque souvent les enquêtes sur l’actualité migratoire. Les références sous forme de factographies reviennent au récit, notamment à travers une multitude de lectures académiques sur lesquelles l’écrivaine tente de s’appuyer35. Elle s’efforce même de retrouver des traces, poursuivant ainsi une exploration où l’histoire passée et présente ne se dénouent jamais totalement :

Google Earth : tourner autour de la vallée, à la recherche du souvenir d’une mosquée près de laquelle seraient les restes des restes des aïeux de l’homme qui soupirait après avoir livré les clefs d’une ville qui avait été sienne pendant huit siècles36.

C’est principalement dans les recherches portant sur le passé récent qu’elle revient à une écriture de terrain à proprement parler. Dans ces contextes, des entretiens formels sont organisés, apportant une rigueur méthodique à la collecte des témoignages, l’enquêtrice-narratrice n’hésite pas ici à se mettre en scène, à prendre la parole. Car ce passé influence le présent, il en révèle beaucoup sur ce qui se joue aujourd’hui ou contribue à transformer les représentations de l’actualité. Un exemple en est l’entretien que l’écrivaine conduit avec Cecilio Gordillo, militant syndicaliste reconnu de la CGT, portant sur les naufrages et les témoignages des rescapés républicains ayant fui vers l’Algérie durant la guerre civile espagnole.

À Séville, c’est une histoire du siècle dernier que nous a racontée, à Hélène et à moi, Cecilio Gordillo. Nous étions en terrasse d’un café, dans un quartier populaire de Séville, au-dessous du local de la CGT. Comme l’âme des morts, l’histoire a voyagé d’un côté et de l’autre de la Méditerranée. En 1939, tout le monde ne montait pas sur les bateaux. Il fallait voir les rescapés du Stanbrook surpeuplé en quarantaine devant Oran, dont le maire célébrait la victoire franquiste. Manuel Ramirez Cati, dis-je à Cecilio, c’est d’Almería qu’il est parti ?
Manuel Ramirez Cati est né en 1914 dans une famille pauvre, répond Cecilio Gordillo. Dans les années 80, on est allés avec ses amis et sa nièce à Fontainebleau. Le type des archives a dit : voilà des Espagnols qui cherchent le nom d’un républicain anarcho-syndicaliste dans les journaux d’Alger. Tout le monde s’est mis à nous aider37.

D’une rive à l’autre, entre passé et présent, entre ceux qui arrivent et ceux qui disparaissent, l’enquête se déploie toujours comme une quête personnelle, celle de l’écrivaine, tendue vers la réalité mais s’ouvrant à la fiction là où les certitudes font défaut.

Plus effacée dans son écriture du présent, l’auteure n’hésite pas à aller à la rencontre de ces histoires du passé, c’est que l’implication dans ce dernier cas, si elle est importante, elle est plus de l’ordre du travail de mémoire.

En guise de conclusion

L’étude de la littérature-refuge de Marie Cosnay permet, non seulement de révéler des représentations sociales alternatives sur la migration, souvent occultées ou reléguées aux marges du discours dominant, mais également de mettre en lumière le combat que l’écrivaine mène contre les représentations conventionnelles de la migration contemporaine. Il en découle des contre-représentations issues d’une réécriture du réel, caractérisées par leur multiplicité à plusieurs niveaux : des imaginaires fragmentés par la précarité inhérente à ces expériences, traversés par des silences, des non-dits, des secrets, et des espoirs ; ainsi que des représentations sociales construites par une polyphonie de voix, privilégiant celles des exilé·e·s et de leurs familles, mais aussi celles des acteurs et actrices qui les accompagnent dans leur parcours. Ces représentations, en lutte, font dialoguer le passé et le présent, se télescopant au sein des œuvres pour redessiner un phénomène qui, loin d’être uniquement actuel, s’explore également en remontant le sens inverse des flux migratoires contemporains. L’implication de l’écrivaine, dans ce contexte, se manifeste comme une forme de quasi-état des lieux historique revisité de ces mouvements de populations entre le Nord et le Sud.

Ainsi, la migration s’appréhende comme un phénomène global qui, à bien des égards, demeure insaisissable. Le choix même de l’enquête littéraire implique d’emblée une certaine difficulté à savoir, à connaître. L’écriture de terrain déploie une pluralité de stratégies pour rendre compte de la complexité de ce phénomène : le texte polyphonique intègre le vécu individuel dans une réalité collective, tandis que l’auteure, tout en menant et en restituant son enquête, endosse tour à tour le rôle d’accompagnatrice et de médiatrice, ou encore d’enquêtrice, interrogeant et remettant en cause les récits établis. Par ailleurs, la fiction n’est pas exclue de ces œuvres ; elle se déploie à la frontière entre le possible et le réel, entre ce qui s’est véritablement produit et ce qui pourrait advenir pour ces hommes et ces femmes qui, chaque jour, tentent de trouver refuge en Europe. La littérature de Marie Cosnay propose ainsi de nouvelles représentations sociales sur les migrations tout en interrogeant les limites de la représentation elle-même.

1 Marie Cosnay, Toi et ton frère, Montpellier, Sun/sun éditions, « Fléchette », 2024, p. 3.

2 Voir María de los Ángeles Hernández Gómez, Catherine Milkovitch-Rioux et Nathalie Vincent-Munnia, « Réfugier en littérature. Histoire(s) et mémoire(

3 Bruno Blanckeman, « L’écrivain impliqué : écrire (dans) la cité », in Narrations d’un nouveau siècle. Romans et récits français (2001-2010), Bruno 

4 Michel Agier et Anne-Virginie Madeira, Définir les réfugiés, Paris, Presses universitaires de France, 2017, p. 8.

5 Sabine Hess et Bernd Kasparek, « The Post-2015 European Border Regime. New Approaches in a Shifting Field », Archivio antropologico mediterraneo, no

6 Rafik Arfaoui, « Ce que le territoire fait à l’accueil, ce que l’accueil fait au territoire. Une géographie de l’asile dans le territoire ambertois 

7 Dominique Viart, «  Les Littératures de terrain  », Revue critique de fixxion française contemporaine, no 18, 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/

8 Alain Montandon, «  Sociopoétique  », Sociopoétiques no 1, 2016 [En ligne] DOI : https://dx.doi.org/10.52497/sociopoetiques.640.

9 Lionel Ruffel, «  Un réalisme contemporain : les narrations documentaires  », Littérature, 2012/2, no 166, 2012, p. 13‑25 [En ligne] DOI : https://

10 Laurent Demanze, «  Fictions d’enquête et enquêtes dans la fiction  », COnTEXTES, no 22, 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.

11 Marie Cosnay, Des îles (Lesbos 2020-Canaries 2021), Paris, Éditions de l’Ogre, 2021, p. 14.

12 Alain Montandon, « Sociopoétique », art. cit.

13 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1966 [1949], p. 254.

14 Catherine Wihtol de Wenden, Figures de l’Autre. Perceptions du migrant en France 1870-2022, Paris, CNRS Éditions, 2022, p. 153.

15 Voir Hein de Haas, Le Mythe de l’invasion. Migration irrégulière d’Afrique de l’Ouest au Maghreb et en Union européenne, IMI Research Report, 2007

16 Louis Imbert, «  L’“invasion migratoire” : cent-cinquante ans de discours xénophobes  », Droits & Libertés no 203, octobre 2023, p. 50 [En lig

17 «  L’essentiel sur …les immigrés et les étrangers  », Insee, 7 janvier 2022 ; Cris Beauchemin et al., «  Migrations internationales : ce que l’on

18 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, Paris, Éditions de l’Ogre, 2024, p. 179-180.

19 Ibid., p. 145.

20 Ibid., p. 42.

21 Marie Cosnay, Toi et ton frère, op. cit, p. 28.

22 Ibid., p. 24.

23 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 78.

24 Ibid., p. 33.

25 Alexandre Gefen, Réparer le monde. La littérature française face au xxie siècle, Paris, Éditions Corti, « Les Essais », 2017.

26 Entretien avec Marie Cosnay, «  Dire, écrire et faire : quelle éthique ?  », Journée d’étude du projet AMICAL (Accueil et Migration par la Création

27 Marie Cosnay, Des îles (Lesbos 2020-Canaries 2021), op. cit., p. 15.

28 Marie-Jeanne Zenetti, « Les factographies : déplacements des discours de l’histoire », Colloque Fabula : Littérature et histoire en débats

29 María de los Ángeles Hernández Gómez, « Pour une éthique de la parole dans la “littérature-refuge” : l’écriture impliquée de Marie Cosnay »

30 Carmen Alberdi Urquizu, « Marie Cosnay. Polyphonie et cacophonie issues d’un tressage énonciatif  », 9e Colloque international Ci-dit. «  De

31 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 122.

32 Ibid., p. 145.

33 Ibid., p. 23.

34 Marie Cosnay, Toi et ton frère, op. cit, p. 9.

35 Manuel Lomas Cortès, El puerto de Denia y el destierro morisco (1609-1610), Valence, Publicacions de la Universitat de València, 2011 ; Óscar

36 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 23.

37 Ibid., p. 31.

Notes

1 Marie Cosnay, Toi et ton frère, Montpellier, Sun/sun éditions, « Fléchette », 2024, p. 3.

2 Voir María de los Ángeles Hernández Gómez, Catherine Milkovitch-Rioux et Nathalie Vincent-Munnia, « Réfugier en littérature. Histoire(s) et mémoire(s) du temps présent », in Mémoire(s), valeurs et transmission, Florence Faberon, Corinne Benestroff et Arnaud Paturet (dir.), Clermont-Ferrand, Réseau de recherches sur la cohésion sociale, 2024, p 147-159.

3 Bruno Blanckeman, « L’écrivain impliqué : écrire (dans) la cité », in Narrations d’un nouveau siècle. Romans et récits français (2001-2010), Bruno Blanckeman et Barbara Havercroft (dir.) Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2013 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/books.psn.471.

4 Michel Agier et Anne-Virginie Madeira, Définir les réfugiés, Paris, Presses universitaires de France, 2017, p. 8.

5 Sabine Hess et Bernd Kasparek, « The Post-2015 European Border Regime. New Approaches in a Shifting Field », Archivio antropologico mediterraneo, no 21 (2), 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/aam.1812.

6 Rafik Arfaoui, « Ce que le territoire fait à l’accueil, ce que l’accueil fait au territoire. Une géographie de l’asile dans le territoire ambertois », Revue européenne des migrations internationales, vol. 36, no2 et 3, 2020, p. 107-131 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/remi.15430.

7 Dominique Viart, «  Les Littératures de terrain  », Revue critique de fixxion française contemporaine, no 18, 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/fixxion.1275

8 Alain Montandon, «  Sociopoétique  », Sociopoétiques no 1, 2016 [En ligne] DOI : https://dx.doi.org/10.52497/sociopoetiques.640.

9 Lionel Ruffel, «  Un réalisme contemporain : les narrations documentaires  », Littérature, 2012/2, no 166, 2012, p. 13‑25 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/litt.166.0013

10 Laurent Demanze, «  Fictions d’enquête et enquêtes dans la fiction  », COnTEXTES, no 22, 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.6893

11 Marie Cosnay, Des îles (Lesbos 2020-Canaries 2021), Paris, Éditions de l’Ogre, 2021, p. 14.

12 Alain Montandon, « Sociopoétique », art. cit.

13 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1966 [1949], p. 254.

14 Catherine Wihtol de Wenden, Figures de l’Autre. Perceptions du migrant en France 1870-2022, Paris, CNRS Éditions, 2022, p. 153.

15 Voir Hein de Haas, Le Mythe de l’invasion. Migration irrégulière d’Afrique de l’Ouest au Maghreb et en Union européenne, IMI Research Report, 2007 [En ligne] URL : https://www.migrationinstitute.org/publications/le-mythe-de-linvasion  ; Béatrice Giblin, «  Nations et migrations  », Hérodote, no 174, 2019 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/her.174.0003.

16 Louis Imbert, «  L’“invasion migratoire” : cent-cinquante ans de discours xénophobes  », Droits & Libertés no 203, octobre 2023, p. 50 [En ligne] URL : https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2024/02/DL203-Dossier-5.-Linvasion-migratoire-cent-cinquante-ans-de-discours-xenophobes.pdf.

17 «  L’essentiel sur …les immigrés et les étrangers  », Insee, 7 janvier 2022 ; Cris Beauchemin et al., «  Migrations internationales : ce que l’on mesure (ou pas)  », Population et Sociétés, no 594, 2021 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.3917/popsoc.594.0001.

18 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, Paris, Éditions de l’Ogre, 2024, p. 179-180.

19 Ibid., p. 145.

20 Ibid., p. 42.

21 Marie Cosnay, Toi et ton frère, op. cit, p. 28.

22 Ibid., p. 24.

23 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 78.

24 Ibid., p. 33.

25 Alexandre Gefen, Réparer le monde. La littérature française face au xxie siècle, Paris, Éditions Corti, « Les Essais », 2017.

26 Entretien avec Marie Cosnay, «  Dire, écrire et faire : quelle éthique ?  », Journée d’étude du projet AMICAL (Accueil et Migration par la Création : Arts et Littérature), Grenade, 14 novembre 2024.

27 Marie Cosnay, Des îles (Lesbos 2020-Canaries 2021), op. cit., p. 15.

28 Marie-Jeanne Zenetti, « Les factographies : déplacements des discours de l’histoire », Colloque Fabula : Littérature et histoire en débats, Catherine Coquio, Lucie Campos, Assia Kovrigina (dir.) [En ligne] DOI : https://doi.org/10.58282/colloques.2123.

29 María de los Ángeles Hernández Gómez, « Pour une éthique de la parole dans la “littérature-refuge” : l’écriture impliquée de Marie Cosnay », Caietele Echinox, no45, 2023, p. 358 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.24193/cechinox.2023.45.25.

30 Carmen Alberdi Urquizu, « Marie Cosnay. Polyphonie et cacophonie issues d’un tressage énonciatif  », 9e Colloque international Ci-dit. «  De quelles voix sommes-nous fait.es ?  », Université de Wroclaw, Pologne, 30 octobre-2 novembre 2024.

31 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 122.

32 Ibid., p. 145.

33 Ibid., p. 23.

34 Marie Cosnay, Toi et ton frère, op. cit, p. 9.

35 Manuel Lomas Cortès, El puerto de Denia y el destierro morisco (1609-1610), Valence, Publicacions de la Universitat de València, 2011 ; Óscar Salguero Montaño, « El cementerio islámico de Granada. Sobre los procesos de recuperación del espacio público por la comunidad musulmana local », Bandue: revista de la Sociedad Española de Ciencias de las Religiones, no5, 2011 ; le documentaire Los perdedores, réalisé par Driss Deiback en 2006 sur les soldats rifains recrutés par le général Franco à l’occasion du coup d’État de 1936 en Espagne.

36 Marie Cosnay, Des îles. Mer d’Alboran 2022-2023, op. cit., p. 23.

37 Ibid., p. 31.

Citer cet article

Référence électronique

María de los Ángeles HERNÁNDEZ GÓMEZ, « Représentations en lutte : Marie Cosnay et les contre-récits des migrations, écrire entre passé et présent », Sociopoétiques [En ligne], 10 | 2025, mis en ligne le 24 novembre 2025, consulté le 17 décembre 2025. URL : http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=2559

Auteur

María de los Ángeles HERNÁNDEZ GÓMEZ

Universidad de Granada

Autres ressources du même auteur

Articles du même auteur

Droits d'auteur

Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)